24/12/2009

Opération policière et politique contre le nouveau parti BDP

Le DTP-BDP a joué l'apaisement

Mais la Turquie veut décapiter le mouvement kurde

Nouvelle rafle, 80 arrestations, dont 15 maires ou anciens maires

"Nous avons décidé de nous maintenir au Parlement et de continuer à contribuer à une solution pacifique au problème kurde. Notre peuple nous a demandé de continuer, malgré les injustices", avait déclaré le Président du mouvement politique kurde, Ahmet Türk, vendredi 18 décembre à Ankara.

C'était un geste que toute la classe politique internationale attendait: " les Kurdes choisissent l'apaisement" titrait le journal le monde du 19/12.

En réponse, ce matin, à l'heure du "laitier", une vaste opération policière était déclenchée sur ordre du Procureur de la République de Diyarbakir dans 11 villes situées dans les régions kurde (Diyarbakır, Siirt, Hakkari, Tunceli, Batman, Urfa, Şırnak, Van) et turque (Ankara, Istanbul et Izmir)

Se traduisant par des perquisitions de domiciles privés, de locaux municipaux et de sièges sociaux d'associations : il fut procédé à 80 interpellations parmi les élus et cadres de l'ex DTP (dissout) devenu BDP ainsi que parmi des responsables d'associations culturelles (MKM) sociales (Göç-Der) et défenses des droits humains (IHD)

Dans la liste ci-dessous des personnes arrêtées

On note en particulier les deux anciens compagnons d'infortune de Leyla Zana encore vivants qui ont déjà purgé une peine de 10 ans de prison : Hatip DICLE, co-Président du Congrès de la Société Démocratique (DTK - association regroupant tous les élus kurdes du DTP-BDP: députés, maires élus locaux, et régionaux-) et Selim SADAT, Maire de Siirt : on note également Abdullah DEMIRBAS, Maire de Sur (arrondissement de Diyarbakir), et Ali ŞIMSEK, Maire-adjoint de la ville métropolitaine de Diyarbakir-métropole (qui a été reçu par la mairie de Rennes à la tête d'une délégation), Emrullah CIN, l'ancien maire de Viransehir

Listes des personnalités placées en garde à vue:

Hatip Dicle, co-Président du Congrès de la Société Démocratique (DTK - association regroupant tous les élus kurdes du DTP-BDP: députés, maires élus locaux, et régionaux-) ex-député du DEP carcéré 10 ans avec Leyla Zana

Des maires :

- Leyla Güven, Viranşehir, (Membro della assemblea degli enti locali del Consiglio d’Europa)

- Aydın Budak, Cizre,

- Selim Sadak, Siirt - ( ex-député du DEP carcéré 10 ans avec Leyla Zana)

- Zülküf Karatekin, Kayapınar,

- Ethem Şahin, Suruç,

- Ahmet Cengiz, Çınar,

- Ferhan Türk, Kızıltepe,

- Abdullah Demirbaş, Sur, (arrondissement de Diyarbakir)

- Necdet Atalay, Batman

- Songul Erol Abdil,Dersim

-Ali Simsek, Maire-adjoint de Diyarbakır

Des anciens maires :

- Emrullah Cin, Viranşehir

- Hüseyin Kalkan, Batman

- Fikret Kaya, Silvan

- Abdullah Akengin, Dicle

-Av. Firat Anli, président de la Fédération DTP de Diyarbakır et ancien maire de Yenisehir,

Des anciens dirigeants du DTP:

 Aydın Kılıç, İlyas Sağlam Président de la Fédération DTP de Batman, Nurhayat Üstündağ, Abdullah Ürek, Celil Piranoğlu, Şirin Bağlı

Autres personnalités:

- Av.Muharrem Erbey, , Président de l'antenne de Diyarbakir de l'Association des Droits de l'Homme (IHD)

- Sakine Kayra, membre du mouvement Liberté et démocratie

- Fethi Suvari, Agenda 21,

- Av. Servet Özen, Président du Réseau des Canalisations et des Eaux de Diyarbakir (DISKI)

- Yaşar Sarı v/Président du Réseau des Canalisations et des Eaux de Diyarbakir (DISKI)

- Gülizar Akar, Impiegata dell’ assemblea delle donne Kadın,

- Kerem Çağıl, asso. Göç-Der (Associazione de deéense des familles de détenus)

- Ferzende Abi, Président de l'association MEYADER dei Van,

- Diyarbakır: Adil Erkek, Bedriye Aydın, Fatma Karaman, Ramazan Debe,

- Van: Tefik Say, M. Sıdık Gün, Yıldız Tekin, Hilmi Karakaya, Cafer Koçak, Ferzende Abi, Sabiha Duman, Ahmet Makas, Zihni Karakaya, Resul Edmen ve ismi öğrenilemeyen bir öğrenci,

- Urfa: Mehmet Beşaltı, Müslüm Caymaz, Mehmet Çağlayan, İbrahim Halil Göv, Abdürrezzak İpek,

- Şırnak: Memduh Üren, Necip Tokgözoğlu, Sami Paksoy, Ömer Yaman, Serbest Paksoy, Mesut Altürk, Hasan Tanğ, Serdar Tanğ, Yusuf Tanğ, Cahit Tanğ, Ekrem Babat, Segban Bulut, Mustafa Tok, Agit Berek.

21/12/2009

L’interdiction du DTP et la réaction européenne


Le 11 décembre 2009,le parti pro-kurde deTurquie, le DTP, a été interdit par la Cour constitutionnelle turque. Ce parti qui luttait pour la reconnaissance des droits des Kurdes en Turquie avait 21 députés élus au Parlement.

Depuis le mois d’avril 2009, la police turque mène des opérations contre les membres de ce parti. Entretemps, des centaines de membres et de dirigeants du DTP ont été arrêtés, dont la plupart sont toujours en prison.

Avec la décision de l'interdiction du DTP, la même Cour a mis fin aux mandats de deux députés kurdes et leur a interdit d'adhérer à tout autre parti ainsi que de faire de la politique durant les cinq prochaines années. En conséquence, ces deux députés, Ahmet Turk et Aysel Tugluk, ne sont plus membres du parlement turc et risquent à tout moment d’être arrêtés.

Avec eux, trente-sept autres dirigeants et membres du DTP ont été interdits de faire de la politique pendant 5 ans. Parmi eux se trouvent Leyla Zana, le maire de Batman, le maire de Siirt et le maire de Sirnak.

En ce qui concerne l’interdiction du DTP, personne ne peut nier l’existence d’une collaboration entre la Cour constitutionnelle et les instances du gouvernement de l'AKP. « L'ouverture démocratique », dont le ministre de l’intérieur Besir Atalay est chargé depuis le mois de mai 2009, devait mettre fin au conflit armé entre les Kurdes et l’Etat turc, conflit qui dure depuis 1984. Mais la décision de l’interdiction du DTP vient de nous montrer bien comment le gouvernement turc veut résoudre ce problème.

La décision de la Cour constitutionnelle a provoqué la colère des Kurdes. Dans toutes les régions du Kurdistan et de la Turquie, des protestations ont été organisées. Malgré la déclaration officielle de la Cour, cette décision a été considérée par les Kurdes comme une décision politique et un obstacle étatique contre leur volonté de faire la politique en Turquie. La même conception existe aussi chez des milieux dits démocratiques turcs. Je dois rappeler que cette décision a été prise à l'unanimité des onze juges de la Cour, où ne siège aucun Kurde.

Depuis quelques mois, les membres du gouvernement turc accusent le DTP d’être une force qui milite contre l’intégrité territoriale du pays. Dans un pays comme la Turquie, de telles déclarations ne peuvent qu'influencer les juges dans le sens des accusations portées par le gouvernement. Comment est ce que les dirigeants de l’UE traduisent ce comportement de l’Etat turc par rapport aux critères de l'UE ? Malheureusement, depuis le 11 décembre, à part une déclaration ordinaire de la présidence suédoise et celle de Madame Hélène Flautre, présidente de la commission mixte Parlement Européen-Turquie, l’UE n’a pas pris une position qui montrerait véritablement son mécontentement face à cette décision. Ce comportement des instances de l’UE démontre encore une fois qu’elle ne veut pas vraiment pousser la Turquie à respecter les critères démocratiques d'un état de droit.

Que va- t-il se passer dorénavant ? D’après moi, même si le DTP est remplacé par le BDP et que ses 19 députés continuent à rester au parlement turc, la voie qui doit conduire la Turquie vers un processus démocratique est toujours fermée, et ce, non seulement au niveau juridique, mais aussi au niveau politique. Je suis donc personnellement très inquiet en ce qui concerne l’avenir pour la résolution de la question kurde.

Malgré tout, je continue de ne pas perdre espoir concernant la résolution de la question kurde.

Ahmet DERE / 21.12.2009

15/12/2009

Scènes de barbarie anti-kurde à Istanbul

Ce dimanche, des manifestants kurdes ont légitimement manifesté à Istanbul contre l'interdiction ordonnée par la Cour constitutionnelle, de leur parti, le DTP (Parti pour une Société Démocratique)

Une meute de Loups Gris s'est alors retrouvée sur les lieux pour se livrer à une partie de ratonnade anti-kurde. Trois d'entre eux ont dégainé leur revolver et ont tiré vers la foule principalement composée de femmes. Les nazillons flingueurs ont été rejoints par d'autres barbares armés de haches et de longs couteaux.

Quelques heures après avoir été interpellés par la police, les tireurs étaient déjà relaxés !

Voici quelques photos de ces terribles scènes de haine raciale qui trahissent un véritable climat de guerre civile.





14/12/2009

Fin de l'ouverture démocratique: La justice turque a dissout le parti pro-kurde DTP

La Cour constitutionnelle turque a, par sa décision de dissoudre le Parti pour une société démocratique (DTP), principal parti pro-kurde du pays, enterré définitivement la soi-disant "ouverture démocratique" lancée par le gouvernement d'Erdogan sous la prétention de mettre fin à 25 ans de conflit.
Cette décision injuste de la justice turque démontre une fois de plus que ce pays, en marchandage avec l'Union européenne pour son adhésion, est toujours très loin dans le respect des critères démocratiques.

Pour rappel, parmi les membres du DTP bannis de la vie politique se trouve aussi Leyla Zana, déjà emprisonnée près de dix ans et à qui a ét décerné le Prix Sakharov par le Parlement européen.

Maintenant c'est le tour des institutions européennes de réagir énergiquement contre cette injustice privant le peuple kurde de se représenter dans la vie politique de la Turquie et de l'Europe.

La présidence suédoise de l'UE, dans un communiqué, s'est déclarée "préoccupée" par la décision de la Cour constitutionnelle turque. "La dissolution d'un parti politique est une mesure exceptionnelle qui doit être décidée avec précaution. L'Union européenne appelle la Turquie, pays qui négocie son adhésion (à l'UE), à prendre les mesures constitutionnelles pour mettre sa législation sur les partis politiques en conformité avec les règles européennes", a-t-elle dit.

Toutefois, pour être cohérente, l'Union européenne, avec son conseil, sa commission et son parlement, doit prendre une position radicale et informer Ankara que les négociations d'adhésion ne peuvent plus se poursuivre sans un changement profond dans la constitution et la législation turques, vestiges des régimes totalitaires imposés par l'Armée turque.

Le président de la Cour Hasim Kiliç a déclaré lors d'une conférence de presse, au terme de quatre jours de délibérations, que le DTP a été dissout car il serait devenu un "foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible".

La décision a été prise à l'unanimité des 11 juges, alors qu'une majorité qualifiée de sept voix était requise pour prononcer la dissolution, a indiqué M. Kiliç, ajoutant que 37 des cadres du parti, dont son président Ahmet Türk et la députée Aysel Tugluk, étaient bannis de la vie politique pour une durée de cinq ans.

Le juge a également annoncé la levée de l'immunité parlementaire dont bénéficiaient M. Türk et Mme Tugluk et la confiscation par le Trésor des biens du parti.

Après le verdict, M. Türk a répété que la décision allait "approfondir le désespoir".

"Il est évident que fermer la voie à une politique démocratique va approfondir le désespoir (...) La Turquie ne peut pas résoudre cette question (kurde, ndlr) en interdisant un parti", a-t-il déclaré à la presse.

Le DTP dispose de 21 sièges au Parlement (sur 550). Ses dirigeants avaient prévenu avant le verdict que les députés quitteraient le Parlement plutôt que de siéger comme parlementaires sans étiquette.

La décision fait suite à une procédure lancée en 2007 par le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya, qui a accusé le DTP d'obéir aux "directives" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et par de nombreux pays.

Les dirigeants du DTP avaient affirmé qu'une dissolution pourrait entraîner une recrudescence des tensions dans le sud-est anatolien, où de nombreuses manifestations contre les conditions de détention du chef du PKK Abdullah Öcalan ont dégénéré en heurts avec la police au cours des deux dernières semaines.

"Cette décision est un torpillage total de l'ouverture démocratique" lancée par le gouvernement", a commenté l'analyste politique Ahmet Insel, économiste à l'université stambouliote de Galatasaray. "On peut s'attendre, évidemment, à une réaction du PKK", a-t-il ajouté.

Le DTP succède à une lignée de partis pro-kurdes dissous. Quatre députés, dont la lauréate du prix Sakharov des droits de l'Homme Leyla Zana, ont purgé de 1994 à 2004 une peine de dix ans de prison pour liens avec le PKK.

Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, lundi, juste avant le jugement de la Cour Constitutionnelle, avait accusé le DTP de "s'identifier" aux rebelles armés.

Quant au principal parti d'opposition, le CHP, il a tout de suite salué "une décision juste et fondée juridiquement".

Le seul parti répresentatif du peuple kurde

Introduite par le premier procureur de la Cour de cassation, Abdurahman Yalçınkaya, déjà à l’origine de la procédure similaire qui avait failli conduire, l’an passé, à la dissolution de l’AKP, l’action dirigée contre le parti kurde est pendante depuis le mois de novembre 2007.

Selon une analyse dernière de Jean Marcou, publiée par Ovipot le 6 décembre 2009, le DTP est aujourd’hui le quatrième parti politique turc. Malgré les dispositions de la Constitution de 1982, interdisant aux partis politiques et aux associations de se réclamer « d’une partie de la population », il existe de facto en Turquie, depuis 1991, une formation politique pro-kurde légale, qui se reconstitue sous des appellations partisanes voisines, au gré des dissolutions qui la frappent régulièrement : HEP, DEP, ÖZDEP, HADEP, DEHAP, et actuellement DTP.

Cette formation participe aux élections locales, et gère de nombreuses municipalités dans les départements du sud-est, à commencer par la grande agglomération de Diyarbakır (près de 2 millions d’habitants). Lors des élections législatives, bien qu’elle ait fait régulièrement des scores très élevés dans les zones de peuplement kurde, elle n’a jamais pu franchir, au niveau national, la barre de 10%, permettant d’avoir une représentation parlementaire, cela l’a donc longtemps empêché d’être présente au parlement. Ainsi, en 2002, le Parti démocratique du peuple (Demokratik Halk Partisi, DEHAP), majoritaire dans plusieurs départements du sud-est, n’avait recueilli nationalement que 6,22% des suffrages, et n’avait donc pas eu de députés.

C’est la raison pour laquelle, lors des élections législatives de 2007, le DTP a changé de tactique en faisant le choix, cette fois, de présenter des candidats indépendants. Une vingtaine d’entre eux ayant été élus, il a pu constituer un groupe parlementaire, qui est devenu la quatrième force politique au Parlement derrière l’AKP, le CHP et le MHP. L’influence du DTP s’est confirmée depuis.

Lors des dernières élections locales de mars 2009, il est sorti victorieux du duel qui l’opposait à l’AKP, parti à l’assaut de ses bastions du sud-est, en étant majoritaire dans 9 départements de cette région (Diyarbakır, Batman, Hakkari, Iğdır, Siirt, Şırnak Tunceli, Bingöl et Van).

C’est ce parti qui est aujourd’hui dissout dans un contexte qui a sensiblement évolué, depuis son entrée au parlement et sa mise en accusation devant la Cour constitutionnelle, en 2007. En effet, au cours des deux dernières années, le DTP s’est imposé comme une force politique turque à part entière, et depuis le lancement de l’ouverture démocratique kurde, il apparaît comme le principal interlocuteur politique du gouvernement.

La décision de la Cour cependant intervient dans un contexte difficile où le PKK est plus que jamais au cœur des débats et où l’initiative kurde gouvernementale paraît s’enliser. Le 23 novembre dernier, un convoi du DTP a été « caillassé » à Izmir, sous prétexte que des drapeaux du PKK avaient été déployés, lors de réunions que ce parti venait de tenir dans la capitale égéenne.

Le 25 novembre 2005, le vice-premier ministre, Cemil Çicek a accusé le DTP d’avoir un comportement irresponsable et d’agir comme s’il souhaitait sa propre dissolution, une accusation déjà formulée précédemment par le premier ministre en personne à laquelle Ahmet Türk a répondu que le gouvernement cherchait à créer un environnement psychologique préparant une dissolution.

Il y a deux semaines des manifestations célèbrant le 31e anniversaire de la création du PKK ont dégénéré dans plusieurs villes du sud-est, débouchant sur des affrontements particulièrement violents. Plus de 150 personnes arrêtées lors de ces événements attendent depuis lors leur procès.

Le 30 novembre 2009, interviewé par le quotidien « Vatan », Ahmet Türk, a fortement critiqué l’ouverture kurde gouvernementale en disant, entre autres, qu’elle devait aller plus loin sur le plan linguistique ou sur celui de l’autonomie administrative, et qu’en exclure le PKK n’était pas réaliste. Au cours des semaines qui viennent de s’écouler, en outre, des modifications affectant la détention d’Abdullah Öcalan sur l’île d’Imralı, ont provoqué de nouvelles polémiques et des manifestations qui ont fait la une de l’actualité.

Faisant valoir que, depuis la mi-novembre le chef du PKK n’est plus isolé car il côtoie d’autres détenus, le ministre de la justice, Sadullah Ergin, a estimé qu’il recevait un traitement conforme aux standards internationaux et indiqué que la réduction de la surface de sa cellule, au cœur des derniers débats, n’était que de 17 cm2. Le 4 décembre, le ministre a d’ailleurs diffusé publiquement des photos des lieux de détention du chef rebelle, à propos desquelles le DTP n’a pas encore réagi. La députée Emine Ayna, réputée appartenir à sa tendance dure, a néanmoins déclaré que l’évolution des conditions de détention d’Öcalan portait un coup sévère à l’ouverture kurde entreprise par le gouvernement.

La dissolution du DTP, en effet, conforterait le camp laïque et nationaliste dans son opposition résolue à l’initiative gouvernementale en le gratifiant d’une victoire, et incitera la mouvance politique kurde à la radicalisation en éloignant la perspective d’une solution politique. Le grand perdant serait alors le gouvernement, qui aurait mécontenté l’opinion publique turque sans pour autant convaincre les Kurdes.

Le DTP boycotte le Parlement turc

Le DTP a annoncé samedi que ses députés boycotteraient le Parlement turc, au lendemain de la décision de la Cour constitutionnelle de dissoudre le parti, qui est accusé de liens avec la rébellion kurde.

"Notre groupe (parlementaire) s'est de fait retiré du Parlement, à partir d'aujourd'hui. Il ne participera plus aux travaux" du Parlement, a déclaré à la presse Ahmet Türk, co-président du Parti pour une société démocratique (DTP), après une réunion du parti.

La Cour constitutionnelle a prononcé vendredi la dissolution du DTP, qui est accusé de liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte depuis 25 ans contre le régime d'Ankara.

Le DTP dispose aujourd'hui de 19 députés (sur 550) au Parlement, deux députés du parti, dont M. Türk, ayant été dépossédés de leur siège vendredi, avec la décision d'interdiction de la Cour constitutionnelle.

Heurts entre manifestants et police après l'interdiction du parti pro-kurde

Des centaines de manifestants kurdes se sont affrontés aux policiers anti-émeutes vendredi en Turquie, après l'annonce par la Cour constitutionnelle de la dissolution du principal parti pro-kurde, pour liens avec la rébellion.

Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et utilisé des canons à eau face à environ un millier de manifestants rassemblés devant les locaux du Parti pour une société démocratique (DTP) à Diyarbakir, grande ville du sud-est peuplée en majorité de Kurdes, après l'annonce de la décision de la justice de dissoudre le DTP.

Heurts entre manifestants et police après l'interdiction du parti pro-kurde

Des centaines de manifestants kurdes appelant à la "vengeance" se sont affrontés aux policiers anti-émeutes vendredi en Turquie, après l'annonce par la Cour constitutionnelle de la dissolution du principal parti pro-kurde, pour liens avec la rébellion.

Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et utilisé des canons à eau face à environ un millier de manifestants rassemblés devant les locaux du Parti pour une société démocratique (DTP) à Diyarbakir, grande ville du sud-est peuplée en majorité de Kurdes, après l'annonce de la décision de la justice de dissoudre le DTP.

Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et utilisé des frondes contre les policiers.

Une centaine de manifestants, dont des jeunes de gauche, se sont réunis également devant les bureaux du DTP à Istanbul, où vivent de nombreux Kurdes.

"Nous sommes tous des Kurdes, nous sommes tous membres du DTP", ont scandé les protestataires, certains lançant des pierres. La police a tiré une seule grenade lacrymogène. (AFP, 11 déc 2009)

http://www.info-turk.be/

06/12/2009

Turquie, Pays des Interdictions


La Turquie est un pays où l’interdiction des partis politique (surtout les partis pro-kurdes) est devenue une habitude constitutionnelle. Après les partis HEP, OZDEP, DEP, HADEP, cette fois-ci c’est le DTP, "Parti pour une Société Démocratique", dont 21 députés siègent à l’Assemblée Nationale de Turquie, qui est menacé d’interdiction.

Le 8 décembre prochain, la Cour constitutionnelle entamera une série de délibérations qui peuvent se solder par l'interdiction du DTP, fondé en 2005, au motif que ce parti serait en relation avec les militants kurdes.

Depuis que le procureur de la Cour de cassation a lancé, en 2007, la procédure contre le DTP, une menace plane sur la tête des membres de ce parti, vu le nouveau concept de guerre contre les Kurdes de la politique gouvernementale de l'AKP, et ce, peu importe le contenu du dossier "juridique".

La Cour constitutionnelle qui examinera le dossier 8 décembre peut rendre son jugement le jour même ou le mettre en délibéré : sa décision sera alors connue dans les jours ou les semaines à venir. Les députés DTP, selon nos informations, menacent de démissionner de l'Assemblée Nationale de Turquie en cas où leur parti serait interdit.

L’éventuelle interdiction du DTP porterait un coup sévère à l "ouverture démocratique" lancée par le gouvernement d'AKP : elle pourrait provoquer l'engagement d'un processus d'une guerre civile.

N’oublions pas que, depuis un mois, les attaques des groupes paramilitaires se multiplient de plus en plus contre ce parti. Le 22 novembre dernier, un convoi de véhicules de militants du DTP a été attaqué dans les rues d'Izmir et des pierres ont été lancées sur les manifestants DTP, faisant plusieurs blessés, sans que les forces de sécurité, délibérément passives, interviennent.

La situation d’Abdullah Öcalan

Comme l'avait demandé le Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l'Europe, le gouvernement turc se devait d'améliorer les conditions de détention d’Abdullah Öcalan qui, depuis 17 novembre, a été transféré dans une nouvelle cellule de la prison d’Imari ; mais, aux dires de ses avocats, ce transfert a rendu les conditions de détention encore plus sévères.

Depuis le début du mois de décembre, plusieurs milliers de Kurdes participent aux manifestations réclamant notamment une amélioration des conditions de détention d'Abdullah Öcalan ; plus d'une centaine de personnes ont déjà arrêtées par les forces de l’ordre.

Quand on regarde l’état dans lequel se trouve la Turquie, il est difficile d’être optimiste pour l’avenir. Si l’Etat turc et son gouvernement persistent dans cette attitude, le risque d'une "sale guerre" est à la porte du pays.

Des évènements graves peuvent survenir dans les semaines à venir : en tant qu’un intellectuel kurde vivant en Europe, je suis très inquiet.

Ahmet DERE / 06.12.2009

Le Parlement européen regrette le peu de progrès dans le domaine des libertés en Turquie

RSF: La langue kurde est autorisée, mais le débat sur la question kurde reste verrouillé

Les opinions d'une jeune étudiante Kurde

A Canakale les Kurdes ont été lynchés

ATTAQUE CONTRE LE CONVOI DU DTP A IZMIR / 11 Personnes Blessées

La Turquie Face aux Evolutions Conjoncturelles

La Turquie n’est pas prête pour la Paix

Dans quelle état est la Turquie actuellement

02/12/2009

Le Parlement européen regrette le peu de progrès dans le domaine des libertés en Turquie

La résolution du Parlement sur la stratégie 2009 de la Commission européenne relative à l'élargissement concernant les pays des Balkans occidentaux, l'Islande et la Turquie, rédigée par Gabriele Albertini (PPE, IT), a été adoptée en séance plénière du 26 novembre 2009 à mains levées.
La résolution souligne l'importance de mettre en œuvre rapidement une réforme du système judiciaire en vue d’améliorer le fonctionnement de l'Etat turc et de la société. Les députés regrettent le peu de progrès réalisés dans le domaine de la liberté de religion (non-musulmans et communautés alévies) et de la liberté d'expression, à la suite de l'amende sans précédent infligée à un groupe de médias. Le non-respect des engagements découlant du Protocole additionnel à l'accord d'association CE-Turquie est également critiqué par les députés. La Turquie est invitée à procéder à sa mise en œuvre intégrale et non discriminatoire.

Extraits de la résolution du Parlement européen:

Le Parlement européen ,

- souligne que la liberté d'expression est l'un des principes fondamentaux de la démocratie et constate avec inquiétude qu'elle n'est toujours pas pleinement respectée dans certains pays;

- considère qu'il est prioritaire, pour les Balkans occidentaux et la Turquie, d'assurer aux médias la non-ingérence politique et de garantir l'indépendance des instances de régulation;

- invite les pays concernés à mettre en place des cadres juridiques adaptés et à veiller au respect de la loi;

- félicite la Turquie, en tant que pays candidat, pour les progrès accomplis afin de remplir les critères politiques de Copenhague;

- demande instamment au gouvernement turc et à tous les acteurs parlementaires en Turquie de dégager un consensus sur l'élaboration et la mise en œuvre des réformes clés;

- salue l'approbation par le gouvernement de la réforme judiciaire et souligne l'importance cruciale de sa mise en œuvre rapide pour le fonctionnement de l'État et de la société en Turquie;

- se déclare préoccupé par la situation dans le domaine de la liberté d'expression et de la presse, notamment à la suite de l'amende sans précédent imposée à un groupe de médias;

- note avec satisfaction l'ouverture croissante du débat public en Turquie sur d'anciens tabous;

- regrette les progrès limités dans le domaine de la liberté de religion, et invite instamment le gouvernement à établir un cadre juridique conforme à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, afin que toutes les communautés religieuses non musulmanes, de même que celle des Alévis, puissent fonctionner sans entraves abusives;

- déplore le non-respect persistant des engagements découlant du protocole additionnel de l'accord d'association CE-Turquie et invite instamment la Turquie à procéder à la mise en œuvre intégrale, non discriminatoire, desdits engagements;

- invite le gouvernement turc, ainsi que toutes les parties concernées, à contribuer activement à l'élaboration rapide d'un règlement global de la question chypriote, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et des principes sur lesquels l'Union est fondée;

- se félicite des efforts déployés pour résoudre la question kurde dans le cadre du projet d''ouverture démocratique", encourage le gouvernement turc à prendre des mesures concrètes pour répondre à la situation des citoyens d'origine kurde, et exhorte toutes les forces politiques à soutenir ce processus;

- salue les efforts diplomatiques mis en œuvre pour normaliser les relations avec l'Arménie et demande instamment à la grande assemblée nationale turque et au parlement arménien de ratifier les protocoles nécessaires;

- se félicite de la signature par la Turquie de l'accord intergouvernemental sur le gazoduc Nabucco, dont la mise en œuvre demeure l'une des plus importantes priorités de l'Union en matière de sécurité énergétique, et appelle à l'ouverture du chapitre sur l'énergie dans les négociations d'adhésion;

- prend acte de la réouverture des négociations portant sur un accord de réadmission avec l'Union, et prie instamment la Turquie de mettre pleinement en œuvre, entretemps, les accords de réadmission bilatéraux existants avec les États membres;

- invite le gouvernement turc à intensifier la coordination de sa politique étrangère avec l'Union, en particulier en ce qui concerne l'Iran;

- regrette toutefois que la coopération stratégique OTAN-UE, qui dépasse les accords dits "Berlin plus", continue à être bloquée par les objections de la Turquie, ce qui a des répercussions négatives sur la protection du personnel de l'Union déployé sur le terrain, et exhorte la Turquie à abandonner ces objections au plus vite.

29/11/2009

RSF: La langue kurde est autorisée, mais le débat sur la question kurde reste verrouillé

Reporters sans frontières salue la levée des dernières restrictions qui pesaient sur la diffusion des médias en langue kurde en Turquie. "Il s'agit d'une étape importante et symboliquement forte, s'est réjouie l'organisation. Cependant, la portée de cette réforme restera considérablement amoindrie tant que les médias ne pourront aborder librement la question kurde sans risquer des poursuites pénales."

Le 13 novembre 2009, le Journal officiel a publié une directive libéralisant la diffusion audiovisuelle en langues minoritaires, sans restriction de durée. Depuis janvier 2004, l'usage du kurde était autorisé dans la presse et sur la chaîne nationale publique TRT 6, mais les émissions privées étaient limitées à cinq heures hebdomadaires à la radio et quatre heures à la télévision. En outre, elles devaient être intégralement traduites, ce qui rendait impossibles les émissions en direct. Du fait de ces restrictions, seule la chaîne locale Gün TV, et depuis deux mois la chaîne satellitaire Su TV, proposaient une programmation dans leur langue à la minorité kurde.

"À quoi bon émettre en langue kurde, si le traitement indépendant ou militant de la question kurde reste de fait interdit ? a poursuivi Reporters sans frontières. Il ne faudrait pas que cette bonne nouvelle éclipse l'intimidation et l'auto-censure dont sont toujours victimes les médias dès lors qu'ils abordent des sujets sensibles. La liberté d'expression ne pourra réellement progresser dans le pays que lorsque les articles de loi répressifs seront abrogés, permettant enfin de s'attaquer aux tabous de l'Etat turc."

En vertu de la Loi anti-terroriste N°3713 (LAT) et de l'article 216 du code pénal punissant l'"incitation à la haine", plus d'une quinzaine de journalistes sont actuellement poursuivis pour n'avoir fait que mentionner les revendications du "Kongra-Gel" (ex-PKK) ou citer ses responsables, même de façon critique. L'arsenal judiciaire turc, au premier rang duquel figure l'article 301 du code pénal (punissant l'"insulte à la nation turque" par des peines allant jusqu'à deux ans de prison), limite considérablement le débat démocratique en dessinant les contours de nombreux sujets tabous : armée, police, justice, torture, laïcité, ainsi que la figure de Mustapha Kemal Atatürk. Il permet à de nombreux juges et procureurs au niveau local de résister à la "politique d'ouverture" engagée par le gouvernement.

Ainsi, une vingtaine d'affaires sont ouvertes pour "propagande du PKK", "apologie du crime" et "appartenance à une organisation illégale" à l'encontre de Vedat Kursun, rédacteur en chef du seul journal publié en langue kurde, Azadiya Welat. Bien que le journaliste se trouve en détention provisoire depuis janvier 2009, la première audience de son procès n'a eu lieu que le 10 septembre 2009 ; et d'ici la prochaine audience, le 2 décembre, il restera derrière les barreaux. Contacté par Reporters sans frontières, son avocat Me Servet Özen a estimé que son client "fait de la prison pour des propos que son journal a été le premier à tenir, mais qui sont aujourd'hui débattus par l'ensemble des médias turcs".

Le silence est imposé aux publications pro-kurdes jusque sur Internet, où le site du journal Günlük a été bloqué le 18 novembre 2009. Alors que son propriétaire, sa directrice de publication et l'un de ses journalistes risquent sept ans et demi de prison, ce quotidien, tout comme l'hebdomadaire Özgür Ortam, fait régulièrement l'objet de suspensions temporaires en vertu de la LAT. En septembre 2009, le titre Demokratik Açilim, créé quelques semaines auparavant pour remplacer Günlük suspendu, était fermé à son tour. Le 20 octobre, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné l'Etat turc à verser plusieurs centaines de milliers d'euros de dommages et intérêts à 26 journalistes travaillant pour quatre autres quotidiens pro-kurdes suspendus, Ülkede Özgür Gündem, Gündem, Güncel et Gerçek Demokrasi.

La répression s'abat aussi sur les médias moins suspects de sympathies autonomistes. Le journaliste du quotidien kémaliste Milliyet, Namik Durukan, et son rédacteur en chef, Hasan Cakkalkurt, risquent sept ans et demi de prison et 9 000 euros d'amende, pour avoir repris l'interview d'un responsable du PKK réalisée par une agence de presse locale. La prochaine audience de leur procès doit se tenir le 26 janvier 2010. Et la célèbre chanteuse Hülya Avsar et Devrim Sevimay, lui aussi journaliste de Milliyet, sont poursuivis pour "incitation à la haine" car la chanteuse, de parents turc et kurde, avait estimé dans une interview que la politique d'ouverture en cours ne devait pas "sous-estimer ou ignorer le droit des Kurdes", et qu'il serait "difficile de convaincre les terroristes du PKK séparatiste de déposer les armes".

Au-delà de la question kurde, il est encore très difficile pour les journalistes turcs de critiquer certains comportements au sein de la justice, l'armée ou la police. Le 18 novembre, Haci Bogatekin, rédacteur en chef du bimensuel Gerger Firat, a été condamné par contumace par un tribunal local à 2 ans, 2 mois et 7 jours de prison pour "diffamation" (article 125 du code pénal) envers l'ancien procureur et le chef de la gendarmerie de Gerger (Sud-Est), qu'il accusait de collusion avec les milieux islamistes et de pressions sur son journal. Exténué par un combat judiciaire qui dure depuis plus d'un an et absent de son procès pour raisons de santé, Haci Bogatekin avait adressé une lettre d'excuse à la Cour avant l'audience, mais celle-ci n'a pas été considérée, sous prétexte qu'elle n'avait pas été envoyée en recommandé. (europe@rsf.org, 20 novembre 2009)

27/11/2009

Les opinions d'une jeune étudiante Kurde

Depuis 1993, Abdullah ÖCALAN ( leader kurde et fondateur du parti des travailleurs du Kurdistan " PKK, Partiya Karkêren Kurdistan " ) répète sans cesse que le problème kurde doit être résolu d'une manière pacifique et par la voie démocratique et non par la violence. Jusqu'en 2006 le PKK avait décrété quatre trêve, à chaque fois rejetées. Après dix ans de conflit armé, il été convaincu de la nécessité d'une trêve. L'utilisation des armes ne peut avoir d'autre résultat qu'une destruction totale du pays et par conséquent rendre impossible toute solution à la question kurde. De nombreuses personnes mouraient des deux côtés sans qu'il n'y ait aucun résultat .

Par ailleurs, l'opinion publique connaît pertinemment les efforts du Parti des travailleurs du Kurdistan en faveur de la cessation de la guerre. Cependant toutes ces trêves se sont soldées par des échecs dus à l'absence de réaction de l'État turc . Toutefois, depuis un certain temps, des groupes démocratiques en Turquie revendiquent un cessez-le-feu qui pourrait, selon eux, déboucher sur une paix durable. Sensibilisée par ces actions, je crois profondément à la nécessité d'arrêter la guerre et de redonner une chance à la paix.

Une solution à la question kurde en Turquie constituerait un bon exemple pour les pays voisins. La Turquie deviendrait ainsi un modèle de démocratie au Moyen-Orient. Seule l'instauration d'une solution démocratique peut éviter le danger permanent de mettre les peuples en péril par les conflits importants. Ainsi cette solution peut permettre aux peuples de sortir de cette impasse. La période de trêves peut donc conduire vers un dialogue démocratique.

Le président turc avait dit un jour : « Nous allons faire de la Turquie un pays modèle pour tout le Moyen-Orient. ». Je trouve ces mots très importants. L'objectif du PKK est semblable : « Enterrons les armes. Cessons pour toujours la violence en Turquie et au Moyen-Orient. » dit Abdullah ÖCALAN . Effectivement, dans ses conditions très particulières, la paix dans la région passe par l'union démocratique des peuples kurdes et turcs. Cette union permettra à la Turquie d'être donc un modèle pour tout le Moyen-Orient.

Pour l'instauration d'une culture démocratique, pour l'alliance des turcs et kurdes, pour une paix honorable, pour une vie libre, pour mettre fin à la souffrance de nos peuples, en tant que jeune fille kurde j'appelle tout le monde à faire le nécessaire pour que cette fois-ci nous puissions enfin avoir le droit de crier haut et fort en Turquie que nous sommes d'origine kurde et que nous sommes fier de l'être sans aucune répression de l'État turc !

Xecê (Strasbourg)
27.11.2009

26/11/2009

A Canakale les Kurdes ont été lynchés

Après l’attaque à Izmir contre le convois du DTP, cette foi-ci à Bayramiçi, district de Canakale les Kurdes ont été attaqués par des militants d’extrêmes droite turque.

Le 25.11.2009 à Bayramiçi une foule a été rassemblée dans un quartier où vivent des Kurdes et elle a commencé à crier des slogans contre les Kurdes en disant « le peuple de Bayramiçi est ici » « les Kurdes dehors » etc. A cause de cette rassemblement des extrêmes turcs, le quartier des Kurdes a été pris sous contrôle des forces de l’ordres.

Selon les sources locales, l’atmosphère est toujours tendue dans les quartiers de Bayramiçi.

26.11.2009

ATTAQUE CONTRE LE CONVOI DU DTP A IZMIR / 11 Personnes Blessées

Onze personnes, dont quatre policiers, ont été blessées dimanche (22.11.2009) dans des heurts qui ont éclaté au cours d'une manifestation pro-kurde à Izmir (ouest), a rapporté l'Agence Anatolie (Agence étatique).

Des partisans du convoi Parti pour une Société Démocratique (DTP), formation pro-kurde, ont été pris à partie par des habitants d'Izmir en colère lorsque les manifestants, qui progressaient dans les rues de la ville, ont déployé des bannières des militants kurdes.

Les affrontements ont éclaté lorsqu'un véhicule du DTP a heurté un passant. Les forces de sécurité sont restés pasives vis à vis des jeuns qui ont lancé des pierres sur les manifestants du DTP.

Une personne, atteinte par une pierre, a été hospitalisée, et les autres ont été légèrement blessées, a déclaré la même agence Anatolie.

Le port d'Izmir abrite une importante communauté kurde originaire du Kurdistan de Turquie.

25/11/2009

La Turquie Face aux Evolutions Conjoncturelles

La notion intitulée « Le Projet d’Ouverture Démocratique », qui est à l’ordre du jour de la Turquie et qui est aussi largement débattue depuis le mois de mai de cette année, ne peut concerner uniquement ce pays. Toutes les évolutions concernant le sujet, évoluent en tant que partie intégrante de la conjoncture internationale. Même, il serait encore plus réaliste de dire que toutes les évolutions, en l’espèce, sont le résultat des contraintes de la conjoncture internationale.

Nous savons que les évolutions de notre continent concernent de près la Turquie et l’obligent à un changement plus sérieux. La question kurde est une barrière la plus importante devant tous les changements imposés dont la résolution s’avère comme une solution adéquate nécessairement. De ce fait, aucune notion constituant une barrière, qu’elle ait comme source l’Etat ou bien qu’elle soit issue des Kurdes, ne peut influencer négativement le processus en évolution.

Dans un sens large, lorsqu’on observe les conditions conjoncturelles de la Turquie, on voit aussi que la question kurde semble s’orienter de plus en plus vers une solution durable. Néanmoins, cette évolution se concrétisera ni selon la volonté de l’Etat ni totalement conforme aux souhaits des Kurdes. Autant que mes observations personnelles me le permettent, seulement une solution contrôlée par les puissances internationales, et plus spécifiquement par les USA et l’UE, sera adoptée. Comme l’évoquent ses autorités, la Turquie n’est pas indépendante concernant chaque sujet et elle ne peut l’être. A ce titre, l’Union européenne suit de près toutes les évolutions en Turquie et les orientes avec une méthode diplomatique. En conséquence, le rôle de l’UE a été déterminant dans toutes les évolutions survenues depuis le mois de mai. Par là, je ne veux pas dire que les Européens ont œuvrés pour une meilleure évolution, personne ne sait encore jusqu’à quel degré va évoluer le processus présent. Ici, j’insiste seulement sur le rôle important de l’UE.

Les responsables d’AKP présentent l’Ouverture Démocratique, sujet des débats, comme un projet de l’Etat. Personnellement je n’y crois pas. En effet, je ne trouve aucune notion logique et raisonnable susceptible de me convaincre. Néanmoins, l’Etat turc est obligé de s’approprier ce projet afin de le faire accepter par l’opinion publique; toute autre action reste en dehors de champs de capacité. Sinon, il ne pourrait se défendre face à l’opposition et plus particulièrement face au parti raciste CHP et son allié le MHP.

Et maintenant, que va-t-il se passer après ? A mon avis, l’AKP va de plus en plus intensifier ses efforts afin de turquiser la formule dite solution « passive » imposée par la conjoncture internationale. Tout en supprimant les barrières quand à l’utilisation de la langue kurde, il va accorder de plus larges possibilités à l’emploi de celle-ci tant dans les administrations étatiques qu’aux télévisions et radios privées et publiques. Cependant, la reconnaissance de la langue kurde comme une langue officielle ne me semble pas possible. Par ailleurs, il sera procédé à des mesures réglementaires permettant aux guérilleros de déposer les armes et aux Kurdes recherchés et se trouvant à l’étranger un retour libre. Néanmoins, je ne pense pas que la question du service militaire sera intégrée dans ce projet. Alors que celle-ci se dressera comme une sérieuse barrière pour le retour des Kurdes résidants en Europe. De fait, la diaspora kurde de l’Europe poursuivra dans son statut de réfugié. Autrement dit, il ne sera pas permis aux intellectuels figurant parmi ces derniers d’exercer librement la politique en Turquie. En l’espèce, le champ de la patience de la Turquie est relativement restreint.

Les Kurdes se satisferont-ils avec ces pas ? Certainement pas. Cependant, voyons les choses en face ; nous savons que le concept d’un Kurdistan « libre et démocratique », pour lequel les kurdes ont mené la lutte dans les années 1980 – 1990, n’est plus réaliste de nos jours. Désormais, les Kurdes abordent leurs revendications de manière réaliste. Mais, ceci ne veut en aucun cas supposer qu’ils accepteront et se satisferont de ceux que l’on leur présentera.

Ahmet DERE / 19.11.2009

La Turquie n’est pas prête pour la Paix

Les Kurdes qui mènent, depuis le 15 Août 1984, une lutte armée pour faire reconnaitre leur identité ont toujours marqué, néanmoins, leur préférence pour la paix et se sont, à toutes occasions, déclarés en faveur de la fraternité entre les peuples kurde, turc, arabe et persan ; leurs messages sont, hélas, restés sans réponse, notamment ceux adressés à l’Etat turc.

L’organisation principale des Kurdes, le KCK (Union des Communautés du Kurdistan) vient de faire, le 19 octobre dernier, à l’appel du Leader kurde Abdullah Öcalan, un geste sans équivoque et plein de noblesse : deux "Groupes de Paix", composés de 8 militants du KCK et de 26 réfugiés kurdes du camp de Mahmur (situé en Irak) sont retournés au Kurdistan de Turquie ; les autorités turques, après les avoir interpelés à la frontière et interrogés, les ont finalement , après une nuit de garde à vue, remis en liberté, ce qui a été interprété favorablement laissant augurer de bonnes dispositions du gouvernement turc pour régler politiquement la question kurde.

La remise en liberté de ces "Groupes de Paix" a provoqué une explosion de joie chez les Kurdes et des dizaines de milliers d'entre eux se sont portés à leur rencontre en scandant "Bienvenue aux ambassadeurs de la paix", "le Kurdistan est fier de vous" ; Ils ont fait la fête, deux jours durant, apportant par là même la preuve de leur sincère désir de paix.

La population kurde, répondant au geste du KCK, testait aussi la Turquie dont la réaction ne s'est pas fait attendre ; les bonnes dispositions gouvernementales du début ont été balayées deux jours plu tard avec une déclaration des autorités turques jugeant sévèrement les manifestations de joie dont elles ne voulaient pas voir la manifestation d'un désir sincère et profond de paix, alors même que les forces internationales saluaient ce geste du KCK.

Ce geste n'a rien à voir avec une reddition et l'envoi des "Groupes de Paix" est, au contraire, un geste fort en faveur de la paix : ces "Groupes de Paix" sont porteurs d'un message, à l'adresse des autorités turques, réclamant, notamment, la fin des opérations de l'armée turque et davantage de droits politiques et culturels en faveur du peuple kurde.

Depuis le 19 octobre, les milieux nationalistes turcs se mobilisent, avec le soutien de l’Etat, dans le but de s'opposer au processus de paix. Le principal parti d'opposition turc, le Parti Républicain du Peuple (CHP) s'est indigné de "l'amnistie de fait" offerte, selon lui, aux militants kurdes. Le Parti Nationaliste Turc (MHP) s’engage d’une façon active pour revenir à la politique des années 90 durant les quelles la Turquie mena la "sale guerre" contre la population kurde.

Pour répondre l’appel d’Abdullah Öcalan, une quinzaine de réfugiés politiques kurdes vivant en Europe ont décidé de former un "Groupe de Paix" et de retourner en Turquie, mais, sur injonction du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, les consulats turcs en Europe refusent de délivrer les certificats de voyage nécessaires aux membres de la délégation pour se rendre en Turquie : le retour au pays leur est donc interdit.

Le gouvernement turc a fait savoir, par medias interposés, que le "malaise" créé par l'accueil des "Groupes de Paix" pourrait mettre à mal les projets de réforme que le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement pour améliorer les droits des Kurdes et faciliter une résolution du conflit.

C’est pourquoi je veux poser cette question : "la Turquie est-elle vraiment prête pour faire la paix avec les Kurdes"? Il me semble que non.

Ahmet DERE / 26.10.2009

Dans quelle état est la Turquie actuellement

Les élections municipales de 29 mars 2009 en Turquie ont été suivies par des opérations policières menées contre les dirigeants du DTP. A cause de ces opérations le gouvernement d’AKP a été critiqué autant par les Kurdes que par les milieux démocratiques turcs. Car ces opérations ont eu lieu après la déclaration du cessez-le-feu décrété par le Congrès des Communautés du Kurdistan (KCK), le 13 avril 2009. De plus, à la même époque le leader Kurde Abdullah Öcalan avait parlé de ses intentions de présenter une Feuille de Route, dont le but est de faire gagner la paix pour le pays, qui était annoncé d’être rendue publique pour le 15 août dernier. La déclaration de cette Feuille de Route d’Abdullah Ocalan est toujours empêchée par les autorités turques.


Après les élections municipales certains messages donnés par le Président de la République de Turquie, Abdullah Gül, ont été perçus comme un signal de préparation du terrain en faveur d’une ouverture politique vers une solution à la question kurde.

Suite aux déclarations du président turc, au mois de mai dernier, le journaliste turc du quotidien Milliyet, Hasan Cemal, s’est rendu dans les montagnes de Kandil (Chaîne de montagnes située au Sud-est du Kurdistan turc qui marque la frontière avec les Kurdistan irakien et iranien), où il a eu un entretien avec le président du Conseil Exécutif du KCK Murat Karayilan. L’interview a été publiée dans le quotidien Milliyet et a largement touché l’opinion publique kurde et turque.

Dans l’interview en question, Murat Karayilan a réitéré les revendications des Kurdes en spécifiant qu'ils ne voulaient pas toucher à l’intégrité territoriale de la Turquie. Il a également confirmé la volonté du mouvement kurde d'arrêter la lutte armée. Il a aussi attiré l’attention sur la nécessité d'entamer un dialogue entre les intellectuels turcs et kurdes qui pourront jouer un rôle essentiel dans cette perspective de trouver une solution à la question kurde.

Pendant la période qui a suivi la publication des articles de Hasan Cemal, beaucoup de discussions ont eu lieu en Turquie. La plupart des intellectuels influents, Turcs et Kurdes, ainsi que des organisations civiles ont pris une position en faveur d’une démarche constructive pour la résolution de la question kurde. Parmi les discutions il y a eu également des propositions en faveur d’un dialogue avec le mouvement kurde, dont le PKK et son fondateur Abdullah Ocalan.

Après cette période de discutions, le gouvernement turc s'est lancé dans une conception pour un projet en vue de résoudre la question kurde. Nous pouvons dire que, c’est le premier pas sérieux effectué par gouvernements turcs concernant une solution à la question kurde .

De son côté, le mouvement kurde, (KCK) a aussi participé à ce processus de discutions en déclarant un cessez-le-feu depuis le 13 avril et qui a été prolongé le 1er juin et le 1er septembre. Le même cessez-le-feu continue toujours.

Malgré tous ces efforts du mouvement kurde, les opérations policières et militaires ont visé d'une part à éradiquer le mouvement politique du peuple kurde, d'autre part à relancer les affrontements contre les militants Kurdes. La répression contre les manifestations populaires, et notamment celle des enfants, organisées pour protester contre les attaques perpétrées par l'État, a été sans précédent et n'a connu aucune limite, ni juridique ni éthique.

Dans ce processus important, les dirigeants de la République de Turquie et de son gouvernement, aussi ceux de l’opposition, doivent prendre leurs responsabilités politiques dans la résolution de ce problème qui est le plus important de la Turquie, et définir clairement leur position. Car la situation est actuellement très tendue, elle ne peut laisser planer le moindre doute quant à sa dangerosité. Chaque partie, à commencer par le gouvernement d’AKP, doit prendre ses responsabilités historiques. Dans ce processus l’Union européenne doit aussi prendre ses responsabilités en charge. Il faut savoir que la démocratisation de la Turquie enrichira les valeurs démocratiques de l’UE.

Après la prolongation du cessez-le feu par le mouvement kurde, des sérieux signaux encourageants ont été donnés par le Président de la République, surtout dans son discoure du 1er octobre, faite à l’occasion de l’ouverture de l’Assemblée Nationale de Turquie. Ainsi de même rapprochements ont été données par le premier Ministre Tayyip Erdogan.

Alors que les discussions étaient sur le point de véritablement s'engager, depuis le 29 juillet 2009 le Ministre de l’Intérieur, Beşir Atalay, a donné deux conférences de presse et a fait plusieurs interview dans presse turque. Beaucoup de milieux kurdes et turcs espéraient des déclarations et pratiques concrètes, mais cela n’est toujours pas le cas. Ceux qui est dits par le Ministre Atalay a tout simplement déclaré la « volonté » du gouvernement, en ce qui concerne la solution pour la question kurde. Mais, malheureusement jusqu’à maintenant il n’y a aucun pas concrète avancé dans cette direction.

Bien que le langage du Ministre Beşir Atalay a été beaucoup plus modéré et raisonnable que ceux que nous avons entendus de la part des autorités turques dans le passé, quant aux résultats il n’y a aucune changement. Malgré qu’il a déclaré que toutes les propositions faites par divers milieux qu'ils soient intellectuels, politiques ou autres seraient prises en considération par le gouvernement, selon ceux nous voyons maintenant, le gouvernement ne pratique aucune proposition de ces milieux.

Le 4 août 2009, pour la première foi depuis 2002, une rencontre a eu lieu entre le Premier ministre Tayyip Erdogan et les deux co-présidents du DTP, Ahmet Türk et Emine Ayna. Il faut rappeler que, malgré de nombreuses demandes faites par le DTP, surtout depuis le 22 juillet 2007, le Premier Ministre Turc n’a pas donné de réponse favorable. Dans ce processus où des discussions étaient enfin entamées pour trouver une solution à la question kurde, cette invitation a donné une espoir aux milieux kurdes et turcs qui est en faveur d’une solution démocratique.

Malgré l'ouverture d'une atmosphère politique plus positive en Turquie, il est impossible, à l’heur actuelle, de prévoir si le processus entamé va conduire le pays vers un avenir de paix et de prospérité. Car depuis le 11 septembre dernier des dizaines de dirigeants de DTP ont été arrêtés à Diyarbakir et dans d’autres villes au Kurdistan. Donc, depuis le 14 avril plus des centaines de dirigeants et membres du DTP sont arrêtés et emprisonnés.

Contre tous ce qui ce passe dans ce pays, mon souhait et celui de tous les Kurdes est que le pays avance vers une solution, acceptable par tous, à la question kurde, ce qui serait un pas décisif vers une véritable démocratisation de la Turquie.

Ahmet DERE / 08.10.2009