25/11/2009

Dans quelle état est la Turquie actuellement

Les élections municipales de 29 mars 2009 en Turquie ont été suivies par des opérations policières menées contre les dirigeants du DTP. A cause de ces opérations le gouvernement d’AKP a été critiqué autant par les Kurdes que par les milieux démocratiques turcs. Car ces opérations ont eu lieu après la déclaration du cessez-le-feu décrété par le Congrès des Communautés du Kurdistan (KCK), le 13 avril 2009. De plus, à la même époque le leader Kurde Abdullah Öcalan avait parlé de ses intentions de présenter une Feuille de Route, dont le but est de faire gagner la paix pour le pays, qui était annoncé d’être rendue publique pour le 15 août dernier. La déclaration de cette Feuille de Route d’Abdullah Ocalan est toujours empêchée par les autorités turques.


Après les élections municipales certains messages donnés par le Président de la République de Turquie, Abdullah Gül, ont été perçus comme un signal de préparation du terrain en faveur d’une ouverture politique vers une solution à la question kurde.

Suite aux déclarations du président turc, au mois de mai dernier, le journaliste turc du quotidien Milliyet, Hasan Cemal, s’est rendu dans les montagnes de Kandil (Chaîne de montagnes située au Sud-est du Kurdistan turc qui marque la frontière avec les Kurdistan irakien et iranien), où il a eu un entretien avec le président du Conseil Exécutif du KCK Murat Karayilan. L’interview a été publiée dans le quotidien Milliyet et a largement touché l’opinion publique kurde et turque.

Dans l’interview en question, Murat Karayilan a réitéré les revendications des Kurdes en spécifiant qu'ils ne voulaient pas toucher à l’intégrité territoriale de la Turquie. Il a également confirmé la volonté du mouvement kurde d'arrêter la lutte armée. Il a aussi attiré l’attention sur la nécessité d'entamer un dialogue entre les intellectuels turcs et kurdes qui pourront jouer un rôle essentiel dans cette perspective de trouver une solution à la question kurde.

Pendant la période qui a suivi la publication des articles de Hasan Cemal, beaucoup de discussions ont eu lieu en Turquie. La plupart des intellectuels influents, Turcs et Kurdes, ainsi que des organisations civiles ont pris une position en faveur d’une démarche constructive pour la résolution de la question kurde. Parmi les discutions il y a eu également des propositions en faveur d’un dialogue avec le mouvement kurde, dont le PKK et son fondateur Abdullah Ocalan.

Après cette période de discutions, le gouvernement turc s'est lancé dans une conception pour un projet en vue de résoudre la question kurde. Nous pouvons dire que, c’est le premier pas sérieux effectué par gouvernements turcs concernant une solution à la question kurde .

De son côté, le mouvement kurde, (KCK) a aussi participé à ce processus de discutions en déclarant un cessez-le-feu depuis le 13 avril et qui a été prolongé le 1er juin et le 1er septembre. Le même cessez-le-feu continue toujours.

Malgré tous ces efforts du mouvement kurde, les opérations policières et militaires ont visé d'une part à éradiquer le mouvement politique du peuple kurde, d'autre part à relancer les affrontements contre les militants Kurdes. La répression contre les manifestations populaires, et notamment celle des enfants, organisées pour protester contre les attaques perpétrées par l'État, a été sans précédent et n'a connu aucune limite, ni juridique ni éthique.

Dans ce processus important, les dirigeants de la République de Turquie et de son gouvernement, aussi ceux de l’opposition, doivent prendre leurs responsabilités politiques dans la résolution de ce problème qui est le plus important de la Turquie, et définir clairement leur position. Car la situation est actuellement très tendue, elle ne peut laisser planer le moindre doute quant à sa dangerosité. Chaque partie, à commencer par le gouvernement d’AKP, doit prendre ses responsabilités historiques. Dans ce processus l’Union européenne doit aussi prendre ses responsabilités en charge. Il faut savoir que la démocratisation de la Turquie enrichira les valeurs démocratiques de l’UE.

Après la prolongation du cessez-le feu par le mouvement kurde, des sérieux signaux encourageants ont été donnés par le Président de la République, surtout dans son discoure du 1er octobre, faite à l’occasion de l’ouverture de l’Assemblée Nationale de Turquie. Ainsi de même rapprochements ont été données par le premier Ministre Tayyip Erdogan.

Alors que les discussions étaient sur le point de véritablement s'engager, depuis le 29 juillet 2009 le Ministre de l’Intérieur, Beşir Atalay, a donné deux conférences de presse et a fait plusieurs interview dans presse turque. Beaucoup de milieux kurdes et turcs espéraient des déclarations et pratiques concrètes, mais cela n’est toujours pas le cas. Ceux qui est dits par le Ministre Atalay a tout simplement déclaré la « volonté » du gouvernement, en ce qui concerne la solution pour la question kurde. Mais, malheureusement jusqu’à maintenant il n’y a aucun pas concrète avancé dans cette direction.

Bien que le langage du Ministre Beşir Atalay a été beaucoup plus modéré et raisonnable que ceux que nous avons entendus de la part des autorités turques dans le passé, quant aux résultats il n’y a aucune changement. Malgré qu’il a déclaré que toutes les propositions faites par divers milieux qu'ils soient intellectuels, politiques ou autres seraient prises en considération par le gouvernement, selon ceux nous voyons maintenant, le gouvernement ne pratique aucune proposition de ces milieux.

Le 4 août 2009, pour la première foi depuis 2002, une rencontre a eu lieu entre le Premier ministre Tayyip Erdogan et les deux co-présidents du DTP, Ahmet Türk et Emine Ayna. Il faut rappeler que, malgré de nombreuses demandes faites par le DTP, surtout depuis le 22 juillet 2007, le Premier Ministre Turc n’a pas donné de réponse favorable. Dans ce processus où des discussions étaient enfin entamées pour trouver une solution à la question kurde, cette invitation a donné une espoir aux milieux kurdes et turcs qui est en faveur d’une solution démocratique.

Malgré l'ouverture d'une atmosphère politique plus positive en Turquie, il est impossible, à l’heur actuelle, de prévoir si le processus entamé va conduire le pays vers un avenir de paix et de prospérité. Car depuis le 11 septembre dernier des dizaines de dirigeants de DTP ont été arrêtés à Diyarbakir et dans d’autres villes au Kurdistan. Donc, depuis le 14 avril plus des centaines de dirigeants et membres du DTP sont arrêtés et emprisonnés.

Contre tous ce qui ce passe dans ce pays, mon souhait et celui de tous les Kurdes est que le pays avance vers une solution, acceptable par tous, à la question kurde, ce qui serait un pas décisif vers une véritable démocratisation de la Turquie.

Ahmet DERE / 08.10.2009

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