Le 11 décembre 2009,le parti pro-kurde deTurquie, le DTP, a été interdit par la Cour constitutionnelle turque. Ce parti qui luttait pour la reconnaissance des droits des Kurdes en Turquie avait 21 députés élus au Parlement.
Depuis le mois d’avril 2009, la police turque mène des opérations contre les membres de ce parti. Entretemps, des centaines de membres et de dirigeants du DTP ont été arrêtés, dont la plupart sont toujours en prison.
Avec la décision de l'interdiction du DTP, la même Cour a mis fin aux mandats de deux députés kurdes et leur a interdit d'adhérer à tout autre parti ainsi que de faire de la politique durant les cinq prochaines années. En conséquence, ces deux députés, Ahmet Turk et Aysel Tugluk, ne sont plus membres du parlement turc et risquent à tout moment d’être arrêtés.
Avec eux, trente-sept autres dirigeants et membres du DTP ont été interdits de faire de la politique pendant 5 ans. Parmi eux se trouvent Leyla Zana, le maire de Batman, le maire de Siirt et le maire de Sirnak.
En ce qui concerne l’interdiction du DTP, personne ne peut nier l’existence d’une collaboration entre la Cour constitutionnelle et les instances du gouvernement de l'AKP. « L'ouverture démocratique », dont le ministre de l’intérieur Besir Atalay est chargé depuis le mois de mai 2009, devait mettre fin au conflit armé entre les Kurdes et l’Etat turc, conflit qui dure depuis 1984. Mais la décision de l’interdiction du DTP vient de nous montrer bien comment le gouvernement turc veut résoudre ce problème.
La décision de la Cour constitutionnelle a provoqué la colère des Kurdes. Dans toutes les régions du Kurdistan et de la Turquie, des protestations ont été organisées. Malgré la déclaration officielle de la Cour, cette décision a été considérée par les Kurdes comme une décision politique et un obstacle étatique contre leur volonté de faire la politique en Turquie. La même conception existe aussi chez des milieux dits démocratiques turcs. Je dois rappeler que cette décision a été prise à l'unanimité des onze juges de la Cour, où ne siège aucun Kurde.
Depuis quelques mois, les membres du gouvernement turc accusent le DTP d’être une force qui milite contre l’intégrité territoriale du pays. Dans un pays comme la Turquie, de telles déclarations ne peuvent qu'influencer les juges dans le sens des accusations portées par le gouvernement. Comment est ce que les dirigeants de l’UE traduisent ce comportement de l’Etat turc par rapport aux critères de l'UE ? Malheureusement, depuis le 11 décembre, à part une déclaration ordinaire de la présidence suédoise et celle de Madame Hélène Flautre, présidente de la commission mixte Parlement Européen-Turquie, l’UE n’a pas pris une position qui montrerait véritablement son mécontentement face à cette décision. Ce comportement des instances de l’UE démontre encore une fois qu’elle ne veut pas vraiment pousser la Turquie à respecter les critères démocratiques d'un état de droit.
Que va- t-il se passer dorénavant ? D’après moi, même si le DTP est remplacé par le BDP et que ses 19 députés continuent à rester au parlement turc, la voie qui doit conduire la Turquie vers un processus démocratique est toujours fermée, et ce, non seulement au niveau juridique, mais aussi au niveau politique. Je suis donc personnellement très inquiet en ce qui concerne l’avenir pour la résolution de la question kurde.
Malgré tout, je continue de ne pas perdre espoir concernant la résolution de la question kurde.
Ahmet DERE / 21.12.2009
21/12/2009
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