Les Kurdes qui mènent, depuis le 15 Août 1984, une lutte armée pour faire reconnaitre leur identité ont toujours marqué, néanmoins, leur préférence pour la paix et se sont, à toutes occasions, déclarés en faveur de la fraternité entre les peuples kurde, turc, arabe et persan ; leurs messages sont, hélas, restés sans réponse, notamment ceux adressés à l’Etat turc.
L’organisation principale des Kurdes, le KCK (Union des Communautés du Kurdistan) vient de faire, le 19 octobre dernier, à l’appel du Leader kurde Abdullah Öcalan, un geste sans équivoque et plein de noblesse : deux "Groupes de Paix", composés de 8 militants du KCK et de 26 réfugiés kurdes du camp de Mahmur (situé en Irak) sont retournés au Kurdistan de Turquie ; les autorités turques, après les avoir interpelés à la frontière et interrogés, les ont finalement , après une nuit de garde à vue, remis en liberté, ce qui a été interprété favorablement laissant augurer de bonnes dispositions du gouvernement turc pour régler politiquement la question kurde.
La remise en liberté de ces "Groupes de Paix" a provoqué une explosion de joie chez les Kurdes et des dizaines de milliers d'entre eux se sont portés à leur rencontre en scandant "Bienvenue aux ambassadeurs de la paix", "le Kurdistan est fier de vous" ; Ils ont fait la fête, deux jours durant, apportant par là même la preuve de leur sincère désir de paix.
La population kurde, répondant au geste du KCK, testait aussi la Turquie dont la réaction ne s'est pas fait attendre ; les bonnes dispositions gouvernementales du début ont été balayées deux jours plu tard avec une déclaration des autorités turques jugeant sévèrement les manifestations de joie dont elles ne voulaient pas voir la manifestation d'un désir sincère et profond de paix, alors même que les forces internationales saluaient ce geste du KCK.
Ce geste n'a rien à voir avec une reddition et l'envoi des "Groupes de Paix" est, au contraire, un geste fort en faveur de la paix : ces "Groupes de Paix" sont porteurs d'un message, à l'adresse des autorités turques, réclamant, notamment, la fin des opérations de l'armée turque et davantage de droits politiques et culturels en faveur du peuple kurde.
Depuis le 19 octobre, les milieux nationalistes turcs se mobilisent, avec le soutien de l’Etat, dans le but de s'opposer au processus de paix. Le principal parti d'opposition turc, le Parti Républicain du Peuple (CHP) s'est indigné de "l'amnistie de fait" offerte, selon lui, aux militants kurdes. Le Parti Nationaliste Turc (MHP) s’engage d’une façon active pour revenir à la politique des années 90 durant les quelles la Turquie mena la "sale guerre" contre la population kurde.
Pour répondre l’appel d’Abdullah Öcalan, une quinzaine de réfugiés politiques kurdes vivant en Europe ont décidé de former un "Groupe de Paix" et de retourner en Turquie, mais, sur injonction du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, les consulats turcs en Europe refusent de délivrer les certificats de voyage nécessaires aux membres de la délégation pour se rendre en Turquie : le retour au pays leur est donc interdit.
Le gouvernement turc a fait savoir, par medias interposés, que le "malaise" créé par l'accueil des "Groupes de Paix" pourrait mettre à mal les projets de réforme que le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement pour améliorer les droits des Kurdes et faciliter une résolution du conflit.
C’est pourquoi je veux poser cette question : "la Turquie est-elle vraiment prête pour faire la paix avec les Kurdes"? Il me semble que non.
Ahmet DERE / 26.10.2009
25/11/2009
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