29/11/2009

RSF: La langue kurde est autorisée, mais le débat sur la question kurde reste verrouillé

Reporters sans frontières salue la levée des dernières restrictions qui pesaient sur la diffusion des médias en langue kurde en Turquie. "Il s'agit d'une étape importante et symboliquement forte, s'est réjouie l'organisation. Cependant, la portée de cette réforme restera considérablement amoindrie tant que les médias ne pourront aborder librement la question kurde sans risquer des poursuites pénales."

Le 13 novembre 2009, le Journal officiel a publié une directive libéralisant la diffusion audiovisuelle en langues minoritaires, sans restriction de durée. Depuis janvier 2004, l'usage du kurde était autorisé dans la presse et sur la chaîne nationale publique TRT 6, mais les émissions privées étaient limitées à cinq heures hebdomadaires à la radio et quatre heures à la télévision. En outre, elles devaient être intégralement traduites, ce qui rendait impossibles les émissions en direct. Du fait de ces restrictions, seule la chaîne locale Gün TV, et depuis deux mois la chaîne satellitaire Su TV, proposaient une programmation dans leur langue à la minorité kurde.

"À quoi bon émettre en langue kurde, si le traitement indépendant ou militant de la question kurde reste de fait interdit ? a poursuivi Reporters sans frontières. Il ne faudrait pas que cette bonne nouvelle éclipse l'intimidation et l'auto-censure dont sont toujours victimes les médias dès lors qu'ils abordent des sujets sensibles. La liberté d'expression ne pourra réellement progresser dans le pays que lorsque les articles de loi répressifs seront abrogés, permettant enfin de s'attaquer aux tabous de l'Etat turc."

En vertu de la Loi anti-terroriste N°3713 (LAT) et de l'article 216 du code pénal punissant l'"incitation à la haine", plus d'une quinzaine de journalistes sont actuellement poursuivis pour n'avoir fait que mentionner les revendications du "Kongra-Gel" (ex-PKK) ou citer ses responsables, même de façon critique. L'arsenal judiciaire turc, au premier rang duquel figure l'article 301 du code pénal (punissant l'"insulte à la nation turque" par des peines allant jusqu'à deux ans de prison), limite considérablement le débat démocratique en dessinant les contours de nombreux sujets tabous : armée, police, justice, torture, laïcité, ainsi que la figure de Mustapha Kemal Atatürk. Il permet à de nombreux juges et procureurs au niveau local de résister à la "politique d'ouverture" engagée par le gouvernement.

Ainsi, une vingtaine d'affaires sont ouvertes pour "propagande du PKK", "apologie du crime" et "appartenance à une organisation illégale" à l'encontre de Vedat Kursun, rédacteur en chef du seul journal publié en langue kurde, Azadiya Welat. Bien que le journaliste se trouve en détention provisoire depuis janvier 2009, la première audience de son procès n'a eu lieu que le 10 septembre 2009 ; et d'ici la prochaine audience, le 2 décembre, il restera derrière les barreaux. Contacté par Reporters sans frontières, son avocat Me Servet Özen a estimé que son client "fait de la prison pour des propos que son journal a été le premier à tenir, mais qui sont aujourd'hui débattus par l'ensemble des médias turcs".

Le silence est imposé aux publications pro-kurdes jusque sur Internet, où le site du journal Günlük a été bloqué le 18 novembre 2009. Alors que son propriétaire, sa directrice de publication et l'un de ses journalistes risquent sept ans et demi de prison, ce quotidien, tout comme l'hebdomadaire Özgür Ortam, fait régulièrement l'objet de suspensions temporaires en vertu de la LAT. En septembre 2009, le titre Demokratik Açilim, créé quelques semaines auparavant pour remplacer Günlük suspendu, était fermé à son tour. Le 20 octobre, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné l'Etat turc à verser plusieurs centaines de milliers d'euros de dommages et intérêts à 26 journalistes travaillant pour quatre autres quotidiens pro-kurdes suspendus, Ülkede Özgür Gündem, Gündem, Güncel et Gerçek Demokrasi.

La répression s'abat aussi sur les médias moins suspects de sympathies autonomistes. Le journaliste du quotidien kémaliste Milliyet, Namik Durukan, et son rédacteur en chef, Hasan Cakkalkurt, risquent sept ans et demi de prison et 9 000 euros d'amende, pour avoir repris l'interview d'un responsable du PKK réalisée par une agence de presse locale. La prochaine audience de leur procès doit se tenir le 26 janvier 2010. Et la célèbre chanteuse Hülya Avsar et Devrim Sevimay, lui aussi journaliste de Milliyet, sont poursuivis pour "incitation à la haine" car la chanteuse, de parents turc et kurde, avait estimé dans une interview que la politique d'ouverture en cours ne devait pas "sous-estimer ou ignorer le droit des Kurdes", et qu'il serait "difficile de convaincre les terroristes du PKK séparatiste de déposer les armes".

Au-delà de la question kurde, il est encore très difficile pour les journalistes turcs de critiquer certains comportements au sein de la justice, l'armée ou la police. Le 18 novembre, Haci Bogatekin, rédacteur en chef du bimensuel Gerger Firat, a été condamné par contumace par un tribunal local à 2 ans, 2 mois et 7 jours de prison pour "diffamation" (article 125 du code pénal) envers l'ancien procureur et le chef de la gendarmerie de Gerger (Sud-Est), qu'il accusait de collusion avec les milieux islamistes et de pressions sur son journal. Exténué par un combat judiciaire qui dure depuis plus d'un an et absent de son procès pour raisons de santé, Haci Bogatekin avait adressé une lettre d'excuse à la Cour avant l'audience, mais celle-ci n'a pas été considérée, sous prétexte qu'elle n'avait pas été envoyée en recommandé. (europe@rsf.org, 20 novembre 2009)

27/11/2009

Les opinions d'une jeune étudiante Kurde

Depuis 1993, Abdullah ÖCALAN ( leader kurde et fondateur du parti des travailleurs du Kurdistan " PKK, Partiya Karkêren Kurdistan " ) répète sans cesse que le problème kurde doit être résolu d'une manière pacifique et par la voie démocratique et non par la violence. Jusqu'en 2006 le PKK avait décrété quatre trêve, à chaque fois rejetées. Après dix ans de conflit armé, il été convaincu de la nécessité d'une trêve. L'utilisation des armes ne peut avoir d'autre résultat qu'une destruction totale du pays et par conséquent rendre impossible toute solution à la question kurde. De nombreuses personnes mouraient des deux côtés sans qu'il n'y ait aucun résultat .

Par ailleurs, l'opinion publique connaît pertinemment les efforts du Parti des travailleurs du Kurdistan en faveur de la cessation de la guerre. Cependant toutes ces trêves se sont soldées par des échecs dus à l'absence de réaction de l'État turc . Toutefois, depuis un certain temps, des groupes démocratiques en Turquie revendiquent un cessez-le-feu qui pourrait, selon eux, déboucher sur une paix durable. Sensibilisée par ces actions, je crois profondément à la nécessité d'arrêter la guerre et de redonner une chance à la paix.

Une solution à la question kurde en Turquie constituerait un bon exemple pour les pays voisins. La Turquie deviendrait ainsi un modèle de démocratie au Moyen-Orient. Seule l'instauration d'une solution démocratique peut éviter le danger permanent de mettre les peuples en péril par les conflits importants. Ainsi cette solution peut permettre aux peuples de sortir de cette impasse. La période de trêves peut donc conduire vers un dialogue démocratique.

Le président turc avait dit un jour : « Nous allons faire de la Turquie un pays modèle pour tout le Moyen-Orient. ». Je trouve ces mots très importants. L'objectif du PKK est semblable : « Enterrons les armes. Cessons pour toujours la violence en Turquie et au Moyen-Orient. » dit Abdullah ÖCALAN . Effectivement, dans ses conditions très particulières, la paix dans la région passe par l'union démocratique des peuples kurdes et turcs. Cette union permettra à la Turquie d'être donc un modèle pour tout le Moyen-Orient.

Pour l'instauration d'une culture démocratique, pour l'alliance des turcs et kurdes, pour une paix honorable, pour une vie libre, pour mettre fin à la souffrance de nos peuples, en tant que jeune fille kurde j'appelle tout le monde à faire le nécessaire pour que cette fois-ci nous puissions enfin avoir le droit de crier haut et fort en Turquie que nous sommes d'origine kurde et que nous sommes fier de l'être sans aucune répression de l'État turc !

Xecê (Strasbourg)
27.11.2009

26/11/2009

A Canakale les Kurdes ont été lynchés

Après l’attaque à Izmir contre le convois du DTP, cette foi-ci à Bayramiçi, district de Canakale les Kurdes ont été attaqués par des militants d’extrêmes droite turque.

Le 25.11.2009 à Bayramiçi une foule a été rassemblée dans un quartier où vivent des Kurdes et elle a commencé à crier des slogans contre les Kurdes en disant « le peuple de Bayramiçi est ici » « les Kurdes dehors » etc. A cause de cette rassemblement des extrêmes turcs, le quartier des Kurdes a été pris sous contrôle des forces de l’ordres.

Selon les sources locales, l’atmosphère est toujours tendue dans les quartiers de Bayramiçi.

26.11.2009

ATTAQUE CONTRE LE CONVOI DU DTP A IZMIR / 11 Personnes Blessées

Onze personnes, dont quatre policiers, ont été blessées dimanche (22.11.2009) dans des heurts qui ont éclaté au cours d'une manifestation pro-kurde à Izmir (ouest), a rapporté l'Agence Anatolie (Agence étatique).

Des partisans du convoi Parti pour une Société Démocratique (DTP), formation pro-kurde, ont été pris à partie par des habitants d'Izmir en colère lorsque les manifestants, qui progressaient dans les rues de la ville, ont déployé des bannières des militants kurdes.

Les affrontements ont éclaté lorsqu'un véhicule du DTP a heurté un passant. Les forces de sécurité sont restés pasives vis à vis des jeuns qui ont lancé des pierres sur les manifestants du DTP.

Une personne, atteinte par une pierre, a été hospitalisée, et les autres ont été légèrement blessées, a déclaré la même agence Anatolie.

Le port d'Izmir abrite une importante communauté kurde originaire du Kurdistan de Turquie.

25/11/2009

La Turquie Face aux Evolutions Conjoncturelles

La notion intitulée « Le Projet d’Ouverture Démocratique », qui est à l’ordre du jour de la Turquie et qui est aussi largement débattue depuis le mois de mai de cette année, ne peut concerner uniquement ce pays. Toutes les évolutions concernant le sujet, évoluent en tant que partie intégrante de la conjoncture internationale. Même, il serait encore plus réaliste de dire que toutes les évolutions, en l’espèce, sont le résultat des contraintes de la conjoncture internationale.

Nous savons que les évolutions de notre continent concernent de près la Turquie et l’obligent à un changement plus sérieux. La question kurde est une barrière la plus importante devant tous les changements imposés dont la résolution s’avère comme une solution adéquate nécessairement. De ce fait, aucune notion constituant une barrière, qu’elle ait comme source l’Etat ou bien qu’elle soit issue des Kurdes, ne peut influencer négativement le processus en évolution.

Dans un sens large, lorsqu’on observe les conditions conjoncturelles de la Turquie, on voit aussi que la question kurde semble s’orienter de plus en plus vers une solution durable. Néanmoins, cette évolution se concrétisera ni selon la volonté de l’Etat ni totalement conforme aux souhaits des Kurdes. Autant que mes observations personnelles me le permettent, seulement une solution contrôlée par les puissances internationales, et plus spécifiquement par les USA et l’UE, sera adoptée. Comme l’évoquent ses autorités, la Turquie n’est pas indépendante concernant chaque sujet et elle ne peut l’être. A ce titre, l’Union européenne suit de près toutes les évolutions en Turquie et les orientes avec une méthode diplomatique. En conséquence, le rôle de l’UE a été déterminant dans toutes les évolutions survenues depuis le mois de mai. Par là, je ne veux pas dire que les Européens ont œuvrés pour une meilleure évolution, personne ne sait encore jusqu’à quel degré va évoluer le processus présent. Ici, j’insiste seulement sur le rôle important de l’UE.

Les responsables d’AKP présentent l’Ouverture Démocratique, sujet des débats, comme un projet de l’Etat. Personnellement je n’y crois pas. En effet, je ne trouve aucune notion logique et raisonnable susceptible de me convaincre. Néanmoins, l’Etat turc est obligé de s’approprier ce projet afin de le faire accepter par l’opinion publique; toute autre action reste en dehors de champs de capacité. Sinon, il ne pourrait se défendre face à l’opposition et plus particulièrement face au parti raciste CHP et son allié le MHP.

Et maintenant, que va-t-il se passer après ? A mon avis, l’AKP va de plus en plus intensifier ses efforts afin de turquiser la formule dite solution « passive » imposée par la conjoncture internationale. Tout en supprimant les barrières quand à l’utilisation de la langue kurde, il va accorder de plus larges possibilités à l’emploi de celle-ci tant dans les administrations étatiques qu’aux télévisions et radios privées et publiques. Cependant, la reconnaissance de la langue kurde comme une langue officielle ne me semble pas possible. Par ailleurs, il sera procédé à des mesures réglementaires permettant aux guérilleros de déposer les armes et aux Kurdes recherchés et se trouvant à l’étranger un retour libre. Néanmoins, je ne pense pas que la question du service militaire sera intégrée dans ce projet. Alors que celle-ci se dressera comme une sérieuse barrière pour le retour des Kurdes résidants en Europe. De fait, la diaspora kurde de l’Europe poursuivra dans son statut de réfugié. Autrement dit, il ne sera pas permis aux intellectuels figurant parmi ces derniers d’exercer librement la politique en Turquie. En l’espèce, le champ de la patience de la Turquie est relativement restreint.

Les Kurdes se satisferont-ils avec ces pas ? Certainement pas. Cependant, voyons les choses en face ; nous savons que le concept d’un Kurdistan « libre et démocratique », pour lequel les kurdes ont mené la lutte dans les années 1980 – 1990, n’est plus réaliste de nos jours. Désormais, les Kurdes abordent leurs revendications de manière réaliste. Mais, ceci ne veut en aucun cas supposer qu’ils accepteront et se satisferont de ceux que l’on leur présentera.

Ahmet DERE / 19.11.2009

La Turquie n’est pas prête pour la Paix

Les Kurdes qui mènent, depuis le 15 Août 1984, une lutte armée pour faire reconnaitre leur identité ont toujours marqué, néanmoins, leur préférence pour la paix et se sont, à toutes occasions, déclarés en faveur de la fraternité entre les peuples kurde, turc, arabe et persan ; leurs messages sont, hélas, restés sans réponse, notamment ceux adressés à l’Etat turc.

L’organisation principale des Kurdes, le KCK (Union des Communautés du Kurdistan) vient de faire, le 19 octobre dernier, à l’appel du Leader kurde Abdullah Öcalan, un geste sans équivoque et plein de noblesse : deux "Groupes de Paix", composés de 8 militants du KCK et de 26 réfugiés kurdes du camp de Mahmur (situé en Irak) sont retournés au Kurdistan de Turquie ; les autorités turques, après les avoir interpelés à la frontière et interrogés, les ont finalement , après une nuit de garde à vue, remis en liberté, ce qui a été interprété favorablement laissant augurer de bonnes dispositions du gouvernement turc pour régler politiquement la question kurde.

La remise en liberté de ces "Groupes de Paix" a provoqué une explosion de joie chez les Kurdes et des dizaines de milliers d'entre eux se sont portés à leur rencontre en scandant "Bienvenue aux ambassadeurs de la paix", "le Kurdistan est fier de vous" ; Ils ont fait la fête, deux jours durant, apportant par là même la preuve de leur sincère désir de paix.

La population kurde, répondant au geste du KCK, testait aussi la Turquie dont la réaction ne s'est pas fait attendre ; les bonnes dispositions gouvernementales du début ont été balayées deux jours plu tard avec une déclaration des autorités turques jugeant sévèrement les manifestations de joie dont elles ne voulaient pas voir la manifestation d'un désir sincère et profond de paix, alors même que les forces internationales saluaient ce geste du KCK.

Ce geste n'a rien à voir avec une reddition et l'envoi des "Groupes de Paix" est, au contraire, un geste fort en faveur de la paix : ces "Groupes de Paix" sont porteurs d'un message, à l'adresse des autorités turques, réclamant, notamment, la fin des opérations de l'armée turque et davantage de droits politiques et culturels en faveur du peuple kurde.

Depuis le 19 octobre, les milieux nationalistes turcs se mobilisent, avec le soutien de l’Etat, dans le but de s'opposer au processus de paix. Le principal parti d'opposition turc, le Parti Républicain du Peuple (CHP) s'est indigné de "l'amnistie de fait" offerte, selon lui, aux militants kurdes. Le Parti Nationaliste Turc (MHP) s’engage d’une façon active pour revenir à la politique des années 90 durant les quelles la Turquie mena la "sale guerre" contre la population kurde.

Pour répondre l’appel d’Abdullah Öcalan, une quinzaine de réfugiés politiques kurdes vivant en Europe ont décidé de former un "Groupe de Paix" et de retourner en Turquie, mais, sur injonction du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, les consulats turcs en Europe refusent de délivrer les certificats de voyage nécessaires aux membres de la délégation pour se rendre en Turquie : le retour au pays leur est donc interdit.

Le gouvernement turc a fait savoir, par medias interposés, que le "malaise" créé par l'accueil des "Groupes de Paix" pourrait mettre à mal les projets de réforme que le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement pour améliorer les droits des Kurdes et faciliter une résolution du conflit.

C’est pourquoi je veux poser cette question : "la Turquie est-elle vraiment prête pour faire la paix avec les Kurdes"? Il me semble que non.

Ahmet DERE / 26.10.2009

Dans quelle état est la Turquie actuellement

Les élections municipales de 29 mars 2009 en Turquie ont été suivies par des opérations policières menées contre les dirigeants du DTP. A cause de ces opérations le gouvernement d’AKP a été critiqué autant par les Kurdes que par les milieux démocratiques turcs. Car ces opérations ont eu lieu après la déclaration du cessez-le-feu décrété par le Congrès des Communautés du Kurdistan (KCK), le 13 avril 2009. De plus, à la même époque le leader Kurde Abdullah Öcalan avait parlé de ses intentions de présenter une Feuille de Route, dont le but est de faire gagner la paix pour le pays, qui était annoncé d’être rendue publique pour le 15 août dernier. La déclaration de cette Feuille de Route d’Abdullah Ocalan est toujours empêchée par les autorités turques.


Après les élections municipales certains messages donnés par le Président de la République de Turquie, Abdullah Gül, ont été perçus comme un signal de préparation du terrain en faveur d’une ouverture politique vers une solution à la question kurde.

Suite aux déclarations du président turc, au mois de mai dernier, le journaliste turc du quotidien Milliyet, Hasan Cemal, s’est rendu dans les montagnes de Kandil (Chaîne de montagnes située au Sud-est du Kurdistan turc qui marque la frontière avec les Kurdistan irakien et iranien), où il a eu un entretien avec le président du Conseil Exécutif du KCK Murat Karayilan. L’interview a été publiée dans le quotidien Milliyet et a largement touché l’opinion publique kurde et turque.

Dans l’interview en question, Murat Karayilan a réitéré les revendications des Kurdes en spécifiant qu'ils ne voulaient pas toucher à l’intégrité territoriale de la Turquie. Il a également confirmé la volonté du mouvement kurde d'arrêter la lutte armée. Il a aussi attiré l’attention sur la nécessité d'entamer un dialogue entre les intellectuels turcs et kurdes qui pourront jouer un rôle essentiel dans cette perspective de trouver une solution à la question kurde.

Pendant la période qui a suivi la publication des articles de Hasan Cemal, beaucoup de discussions ont eu lieu en Turquie. La plupart des intellectuels influents, Turcs et Kurdes, ainsi que des organisations civiles ont pris une position en faveur d’une démarche constructive pour la résolution de la question kurde. Parmi les discutions il y a eu également des propositions en faveur d’un dialogue avec le mouvement kurde, dont le PKK et son fondateur Abdullah Ocalan.

Après cette période de discutions, le gouvernement turc s'est lancé dans une conception pour un projet en vue de résoudre la question kurde. Nous pouvons dire que, c’est le premier pas sérieux effectué par gouvernements turcs concernant une solution à la question kurde .

De son côté, le mouvement kurde, (KCK) a aussi participé à ce processus de discutions en déclarant un cessez-le-feu depuis le 13 avril et qui a été prolongé le 1er juin et le 1er septembre. Le même cessez-le-feu continue toujours.

Malgré tous ces efforts du mouvement kurde, les opérations policières et militaires ont visé d'une part à éradiquer le mouvement politique du peuple kurde, d'autre part à relancer les affrontements contre les militants Kurdes. La répression contre les manifestations populaires, et notamment celle des enfants, organisées pour protester contre les attaques perpétrées par l'État, a été sans précédent et n'a connu aucune limite, ni juridique ni éthique.

Dans ce processus important, les dirigeants de la République de Turquie et de son gouvernement, aussi ceux de l’opposition, doivent prendre leurs responsabilités politiques dans la résolution de ce problème qui est le plus important de la Turquie, et définir clairement leur position. Car la situation est actuellement très tendue, elle ne peut laisser planer le moindre doute quant à sa dangerosité. Chaque partie, à commencer par le gouvernement d’AKP, doit prendre ses responsabilités historiques. Dans ce processus l’Union européenne doit aussi prendre ses responsabilités en charge. Il faut savoir que la démocratisation de la Turquie enrichira les valeurs démocratiques de l’UE.

Après la prolongation du cessez-le feu par le mouvement kurde, des sérieux signaux encourageants ont été donnés par le Président de la République, surtout dans son discoure du 1er octobre, faite à l’occasion de l’ouverture de l’Assemblée Nationale de Turquie. Ainsi de même rapprochements ont été données par le premier Ministre Tayyip Erdogan.

Alors que les discussions étaient sur le point de véritablement s'engager, depuis le 29 juillet 2009 le Ministre de l’Intérieur, Beşir Atalay, a donné deux conférences de presse et a fait plusieurs interview dans presse turque. Beaucoup de milieux kurdes et turcs espéraient des déclarations et pratiques concrètes, mais cela n’est toujours pas le cas. Ceux qui est dits par le Ministre Atalay a tout simplement déclaré la « volonté » du gouvernement, en ce qui concerne la solution pour la question kurde. Mais, malheureusement jusqu’à maintenant il n’y a aucun pas concrète avancé dans cette direction.

Bien que le langage du Ministre Beşir Atalay a été beaucoup plus modéré et raisonnable que ceux que nous avons entendus de la part des autorités turques dans le passé, quant aux résultats il n’y a aucune changement. Malgré qu’il a déclaré que toutes les propositions faites par divers milieux qu'ils soient intellectuels, politiques ou autres seraient prises en considération par le gouvernement, selon ceux nous voyons maintenant, le gouvernement ne pratique aucune proposition de ces milieux.

Le 4 août 2009, pour la première foi depuis 2002, une rencontre a eu lieu entre le Premier ministre Tayyip Erdogan et les deux co-présidents du DTP, Ahmet Türk et Emine Ayna. Il faut rappeler que, malgré de nombreuses demandes faites par le DTP, surtout depuis le 22 juillet 2007, le Premier Ministre Turc n’a pas donné de réponse favorable. Dans ce processus où des discussions étaient enfin entamées pour trouver une solution à la question kurde, cette invitation a donné une espoir aux milieux kurdes et turcs qui est en faveur d’une solution démocratique.

Malgré l'ouverture d'une atmosphère politique plus positive en Turquie, il est impossible, à l’heur actuelle, de prévoir si le processus entamé va conduire le pays vers un avenir de paix et de prospérité. Car depuis le 11 septembre dernier des dizaines de dirigeants de DTP ont été arrêtés à Diyarbakir et dans d’autres villes au Kurdistan. Donc, depuis le 14 avril plus des centaines de dirigeants et membres du DTP sont arrêtés et emprisonnés.

Contre tous ce qui ce passe dans ce pays, mon souhait et celui de tous les Kurdes est que le pays avance vers une solution, acceptable par tous, à la question kurde, ce qui serait un pas décisif vers une véritable démocratisation de la Turquie.

Ahmet DERE / 08.10.2009