Avec
la réforme que AKP veut faire dans la Constitution turque les pouvoirs de Recep
Tayip Erdogan se renforcent de plus en plus. Il devient le seul homme qui aura
tout pouvoir sur le pays. Bien sûr cette évolution est sévèrement dénoncée par
les partis de l’opposition comme CHP (le Parti républicain du
peuple), HDP (Parti Démocratique du Peuple) et autres. Ainsi une partie de la
société civile est contre ce réforme.
Le
Parlement turc vient d’approuver en première lecture le projet
de Constitution destiné à renforcer
les pouvoirs de Recep Tayip Erdogan. Les 18 articles concernés seront
débattus une nouvelle fois et après le texte sera soumis à référendum prévu
pour le mois d’Avril prochain.
Le
AKP n’a pas eu beaucoup de difficulté pour faire adopter
le texte au parlement. Car il avait déjà reçu le total soutien du Parti
Nationaliste Turc (MHP). Cela veut dire que AKP a déjà garanti aussi le
référendum.
Il
faut savoir que, avec cette nouvelle Constitution, Recep Tayip Erdogan aurait
un ultra-pouvoir. Il aura les moyens constitutionnels pour nommer
ou de limoger
les ministres. Il exercera ainsi les fonctions du poste de premier ministre.
Cela veut dire que désormais il n’y aura plus de premier ministre en Turquie. La
séparation des pouvoirs serait complètement abolie et tous les pouvoirs seront
concentrés dans les mains d'une seule personne, et ce sous prétexte de créer de
la stabilité dans le pays, ce qui n’est encore jamais arrivé dans l’histoire
de ce pays. Après l’adoption de cette réforme constitutionnelle les élections
législatives et la présidentielle se dérouleront simultanément, probablement au
mois d’Avril prochain.
Une dérive
autoritaire
La
constitution actuelle de la Turquie, votée en 1982, garantit, plus ou
moins, l’indépendance de la justice face à l’exécutif. Si cette nouvelle
réforme est définitivement adoptée, alors le président pourra facilement intervenir,
quand il veut et comme il veut, dans le fonctionnement de la justice.
Les
Partis à l’opposition, comme CHP et HDP dénoncent une dérive autoritaire
du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan alors que des purges en série ont suivi,
sois disant, la tentative de coup d’Etat du 15 juillet dernier.
Ainsi, depuis l’an dernier des centaines de dirigeants, y compris les deux
coprésidents et une dizaine de députés du HDP sont arrêtés d’une façon arbitraire.
Il se trouvent actuellement dans plusieurs prisons du pays.
Mais,
face à la vague des critiques l’AKP justifie cette évolution vers un régime
présidentiel par le besoin de renforcer la Turquie,
soumise à la menace terroriste. Selon moi ce n’est qu’un prétexte. La Turquie
ne sera pas renforcée avec cette réforme constitutionnelle, ni contre la menace
évoquée, ni contre d’autres menaces. Ceux qui connaissent bien ce pays savent
très bien que les intérêts de la Turquie passent par une vraie démocratisation
du système étatique.
Ce
qui est en train de se faire en Turquie n’est pas une réforme
constitutionnelle, mais un suicide. Selon le CHP le peuple turc ne se suicidera
pas. Ça on verra quand le référendum est fait.
Un
autre point important ; tout ce travail dans le but de réformer la
constitution se passe en plein état d'urgence, au cours duquel des médias ont
été fermés, des journalistes emprisonnés. Actuellement plus de 400 journalistes
se trouvent en prisons.
Ahmet Gulabi
DERE / 26.01.2017 / Strasbourg
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