En Turquie ceux
sont les problèmes autour de la question kurde qui constituent l’ordre du jour.
Cette question est au cœur des enjeux politiques et stratégiques du pays. Ainsi
elle est présente au cœur du débat identitaire dans ce pays.
La situation actuelle en Turquie ne prête pas une sortie démocratique
rapide de l’impasse constituée par la question kurde. Depuis 3 dernières
années, surtout depuis les élections législatives du 12 juin 2011, le
gouvernement de l’AKP durci de plus en plus sa position à l’égard des efforts
en faveur d’une solution politique de la question kurde.
Ces derniers
mois, les affrontements entre l'armée turque et la guérilla kurde ont fait des
dizains de morts, soit côté de la guérilla soit côté des militaires. Depuis le
début du mois de Juillet les forces armées turques ont
lancé quelques centaines d’opérations contre
les militants du PKK. Le but de ces opérations est d'écraser la force du PKK
qui intensifie les attaques contre les bases militaires. La Turquie mène ces
opérations avec la participation des milliers de soldats y comprit l'appui
d'hélicoptères et d'avions de guerre. De mêmes opérations sont menées parfois
en territoire de la région kurde irakienne. Ces derniers jours de violents combats se
concentrent dans les districts de Semdinli et Beytusebap.
Le pouvoir de l’AKP engage contre les
Kurdes une lourde répression. Les arrestations contre les politiques kurdes,
surtout membres du BDP, deviennent quotidiens. Les procès des avocats, des
représentants de diverses associations, des défenseurs des droits humains, des
journalistes, des syndicalistes, des étudiants, des intellectuels ainsi que des élus locaux, est une véritable
atteinte à la démocratie. On
compte à ce jour plus de 6000 détenus dans les prisons turques, arrêtés et
jugés pour appartenance à une organisation clandestine (KCK- Union des Communautés du Kurdistan-). C’est donc une répression renforcée sur les
militants kurdes,
par laquelle tout le peuple kurde est
menacé. L’escalade de la répression et de la militarisation est devenue
la règle.
Je me demande si
vraiment les responsables européens poursuivent ceux qui se passent en
Turquie actuellement ?
Je me permets de rappeler que les années
avant et après 1980, la démocratie en Turquie n’était pas une préoccupation
pour les pays occidentaux, qui ont réagit favorablement au coup d’Etat. Pour
ces pays la priorité était alors de garantir seulement la stabilité de la
Turquie dans un contexte de guerre froide.
La perspective européenne apparaît-elle toujours comme une possibilité de
sortie de l’impasse pour les Kurdes ? Oui, je pense une forme de reconnaissance
des différents groupes ethniques au sein de la République de Turquie
permettrait l’approfondissement et la stabilisation de la démocratie qui peut
être considérée dans le cadre des termes européens. Il faut souligner que les
Kurdes sont d’ailleurs favorables à la perspective européenne concernant la
Turquie.
D’après ce que je voie, la perspective européenne concernant la Turquie est
actuellement bloquée. Il est toutefois impératif de la maintenir car elle peut
représenter toujours un possible sorti de l’impasse actuelle. La non-résolution,
par la voie politique et démocratique, de la question kurde en Turquie peut
tuer le modèle turc, même si celui-ci doit évoluer. D’autant que la tentation
d’internationaliser ou de régionaliser davantage la question kurde représente
un fort danger.
Tous les dérapages sont ainsi possibles, c’est pourquoi il est impératif de
ne pas céder aux potentielles tentations sécessionnistes qui existent en
Turquie et qui, aggraveraient les problèmes plutôt qu’elles ne contribueraient
à les résoudre.
Il est impératif que l’Union européenne réagisse contre cette continuité de
la situation de guerre. Si cette situation continue et approfondit plus les
blessures existantes l’UE aura aussi de véritables pertes. Donc il est
important de ne pas rester silencieux.
Ahmet DERE
/ 15.09.2012
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