Les Kurdes de Syrie représentent environ 11% (plus de 2.2
million) de la population du pays. Ils vivent pour la
plupart dans l'est, région la plus riche en pétrole et dans le nord-est vers la
frontière de la Turquie. Plusieurs quartiers des villes comme Damas et Alep sont
aussi dominés par les Kurdes.
En Syrie, depuis la création de la république en 1946, les
Kurdes sont toujours victimes d'une politique discriminatoire. Aujourd’hui
encore il y’a des dizains de milliers de Kurdes qui n’ont pas de pièce
d’identité et ceux n’ont pas le droits d’avoir la propriété, leurs enfants ne
peuvent pas aller à l’école.
Depuis des décennies ces Kurdes de Syrie réclament la
reconnaissance de leur langue, de leur culture et ils veulent être traités
comme des citoyens à part entière. Parmi les revendications des Kurdes il y’a
aussi la reconnaissance des droits politiques et administratifs.
Depuis 1990 les Kurdes sont dans
un processus historique pour leur avenir dans la région. Après la guerre du
Golf, en 1991, la partie du Kurdistan Irakien a été placé sous contrôle des
Nations Unies et après la chute du régime de Saddam Hussein elle a eu son
autonomie régionale dans le cadre des frontières d’Irak. Cette partie du
Kurdistan gagne une importance de patrie nationale pour tous les Kurdes. Comme
nous le savons tous, avec la lutte menée par le PKK et celle des autres
organisations kurdes, en Turquie certains droits sont reconnues pour la
population kurde vivant dans les frontières officielles de ce pays. Malgré
cela, il y’a encore un long chemin à parcourir afin d’avoir une bonne reconnaissance
des droits culturelles et politiques des Kurdes en Turquie.
Maintenant c’est le tour des
Kurdes de Syrie à avoir la reconnaissance de leurs droits. Ces Kurdes luttent
depuis une trentaine d’années, ils ont joué un rôle important dans le processus
du progrès de la lutte menée par le PKK. C’est pourquoi le Parti de l’Union
Démocratique (PYD) (Le parti qui représente la moitié des Kurdes en Syrie) est
soutenu par le PKK.
Au-delà de l'urgence humanitaire,
la chute du régime baasiste est donc devenue pour Ankara un enjeu sécuritaire. A
cause du lien étroit entre le PYD et le PKK, les autorités turques ne veulent pas
laisser une reconnaissance officielle du PYD dans le rang de l’opposition
syrienne. Selon les dirigeants de l’opposition syrienne, accorder trop de
droits aux Kurdes risquerait de déplaire à la Turquie. Donc, il est difficile de
prédire comment se terminera ce bras de fer, mais une chose est sûre: la
position des Kurdes de Syrie, comme ce fut le cas en Irak, n'en sera que
renforcée désormais.
Après le « cessez-le-feu », déclaré suite à
l’intervention des Nations Unies, entre les forces de sécurités syriennes et la
rébellion, les forces paramilitaires se sont retournées vers les Kurdes. Le 10
mai dernier, dans une attaque des ces forces paramilitaires contre un cartier des Kurdes à
Alep, au moins 8 personnes ont été tuées et 30 autres blessées. Il parait que
le régime baasiste ne laissera pas tranquille les Kurdes et réorganisera de
même attaques.
Mais, malgré tout, les dirigeants
kurdes de Syrie croient qu’un système fédéral, leur garantissant la
citoyenneté, le droit de propriété, un système éducatif en langue kurde et une
répartition équitable des recettes budgétaires peut être une solution pour la
question kurde.
Malgré
que le conseil national syrien a promis déjà, si le régime de Bachar el-Assad
est renversé, d'instituer un conseil présidentiel à la tête du pays et
d'accorder aux Kurdes un gouvernement autonome et une reconnaissance de son
identité les Kurdes ne peuvent pas y croire. Car, dans les rangs de l'opposition syrienne il y’a aussi une
distance envers les Kurdes. Certains d’entre eux ne cachent pas leurs craintes
de voir les revendications des Kurdes déboucher sur une tentation
sécessionniste. Ainsi, nous savons que
la Turquie est derrière de ce conseil et elle ne veut pas que les Kurdes de
Syrie aient les mêmes droits que ceux d’Irak. Les autorités turques craignent
que le même droit puisse être revendiqué par les Kurdes au Nord du Kurdistan
(Kurdistan de Turquie).
Malgré
que, depuis le commencement des soulèvements populaires, le PYD a pris une
position proche du régime de Bachar el-Assad, et que je trouve cela comme une
faute stratégique, il n’y a aucune autre solution, soit pour l’opposition soit
pour la Turquie, les Etats Unies et l’UE, de connaitre le PYD comme une force
importante parmi les organisations des Kurdes de Syrie. Et une solution sur la
base d’une autonomie régionale des Kurdes est indispensable dans ce pays.
Ahmet
DERE / 14.05.2012
Journaliste
/ Ecrivain
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