28/01/2010

La Turquie vit au rythme des opérations militaires et policières

En Turquie les choses se développant très lentement, il me semble que l’an 2010 ne sera pas très différent de l’an 2009.

L’année dernière, durant 365 jours, le pays a vécu au rythme des opérations militaires, policières et judiciaires : l’opération dite Ergenekon continue toujours à faire des vagues et personne ne peut en deviner la fin.

La presse turque publie de nouveaux dossiers concernant les projets secrets de militaires dans lesquels ils projettent de faire des coups d’état militaires. Nous ne savons pas si la justice turque va s'employer à dévoiler les vrais responsables militaires de ces projets qui vont à l'encontre des critères démocratiques et des droits de l’homme. Sur ce point, je pense, l’Union Européenne doit faire attention et surveiller la procédure judiciaire suivie par la Turquie qui devient petit à petit membre de cette institution et qui pourrait, à terme, mettre en danger certaines valeurs morales défendues par les pays européens.

Je veux rappeler que, depuis la création de la Cour européenne des droits de l’homme, en 1959, la Turquie, membre du Conseil de l’Europe, est, avec ses 2 295 condamnations, le pays qui détient le triste record des condamnations.

Par ailleurs, les opérations policières dirigées contre les dirigeants du BDP (Le nouveau Parti des Kurdes en Turquie) continuent : plus de 1500 dirigeants et membres du DTP (Parti interdit par la Cours Constitutionnelle turque le 11 décembre 2009) et du BDP ont été arrêtés et leur sort est incertain. Les milieux démocratiques admettent que ces arrestations sont injustes et, les Kurdes disent que c'est le début d’un coup d’état encore caché aux yeux du monde entier.

Le Parlement Européen va, ces jours-ci, rendre public son rapport annuel sur la Turquie et Mme. Oomen Ruijten Ria, à mon sens, doit attirer l’attention de tous sur les opérations "Ergenekon" et celles menées contre les dirigeants des partis kurdes; dans le cas contraire, le Parlement Européen perdrait sa crédibilité aux yeux des Kurdes et des démocrates turcs.

A la suite des protestations portées par les Kurdes en Europe, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) a envoyé une délégation à Imrali dans le but d’examiner la situation d’Abdullah Öcalan. La délégation composée de six experts du CPT a inspecté les nouvelles dispositions mises en place par les autorités turques pour Abdullah Öcalan. Selon les informations données, cette délégation a aussi rencontré les cinq autres détenus transférés dans la même prison depuis deux mois ; il faut rappeler que ce transfert a été demandé par le CTP, lors de sa visite d'inspection en 2007. Il aura donc fallu un certain temps pour qu'Abdullah Öcalan soit transféré dans une autre cellule du même pénitencier.

Il faut rappeler aussi que suite aux mauvaises conditions de détention, Abdullah Öcalan souffre de problèmes de santé qui rendent soucieuse la population kurde craignant pour la vie de son leader.

Ali Hassan al-Majid dit "Ali le Chimique", a été pendu lundi à Bagdad. Bien que je sois contre la peine de mort, il arrive, parfois, que je me réjouisse de l’exécution de cette peine capitale. Ali le Chimique avait décidé de gazer la ville de Halabja, en 1988, faisant plus de 5000 morts. Cette exécution ne rend pas la vie aux victimes, bien sûr, mais elle était nécessaire pour permettre aux proches parents des victimes de faire leur deuil. C'est aussi l'occasion, pour moi, de réclamer une procédure identique contre les responsables militaires turcs qui ont décidé les opérations faisant des milliers de victimes au Kurdistan de Turquie.

Ahmet DERE / 28.01.2010

04/01/2010

Première opération contre le BDP

Une nouvelle phase de répression a commencé en Turquie dans le silence assourdissant des forces internationnales et des pays défenseurs des Doits de l'Homme. Ce processus peut évoluer vers un véritable génocide . L’AKP se montre persuadé qu'il continuera d’utiliser une force sans limite le peuple Kurde.

Dans l’histoire de la République de Turquie on ne peut que constater que tous les partis et toutes les organisations considérés comme pro-kurdes ont été la cible de la répression étatique en Turquie. C’est après 1990 que les partis politiques ont commencé de parler de la réalité kurde. Le HEP (Parti du Travail du Peuple) a été le premier qui est entré sur la sein politique de Turquie en défendant ouvertement la cause kurde. Dès la création de ce parti, la répression militaire et paramilitaire s’est accentuée contre ses membres. Suite à l’interdiction du HEP, c’est le DEP qui l’a remplacé. En 1994 un des députés de ce dernier Mehmet Sincar a été assassiné au Kurdistan par les forces paramilitaires. La même année le DEP a été interdit par la même Cour, certains de ses députés ont été emprisonnés, d'autres ont été contraints de quitter le pays.

Après le DEP, le HADEP, le DEHAP et le DTP, le BDP a été créé. A son tour le BDP est devenu la cible de la même répression. Après le passage des 19 député et des 94 Maires du DTP au BDP et la création d’un groupe politique à l’Assemblé Nationale de Turquie, la première opération policière a été effectuée contre ce parti dans plusieurs villes au Kurdistan et en Turquie. Ces opérations ont continué pendant plus d’une semaine et c'est en tout une centaine de dirigeants et de membres de cette organisation qui a été arrêtée et emprisonnée. Dans ces opérations le Co-président du Congrès de la Société Démocratique, Hatip Dicle a été aussi arrêté. M. Hatip Dicle, a été en même temps le porte parole du Congrès de la Société Démocratique et l'ancien député du DEP, ayant passé plus de 11 ans en prison.

Dans ces opérations les policiers ont fait des descentes dans les locaux de l’association des droits de l’homme à Diyarbakir. A Dersim ce sont les maisons des membres de l'Assemblée des femmes qui ont été perquisitionnées par la police de la direction de la sécurité publique. Le président de l’association des droits de l’homme à Diyarbakir Muharem Erbey a été aussi arrêté, il est toujours maintenu en prison actuellement.

Il s'agit là de la troisième vague d'arrestations contre les milieux kurdes depuis le début de l'an 2009.

Avec l’interdiction du DTP, depuis le 11 décembre 2009, les forces de l’ordre turques sont en train d’utiliser la répression un peu partout dans les régions du Kurdistan et en Turquie. Notamment depuis le 25 décembre dans les régions de Diyarbakir, Van, Yuksekova, Cizre et Mus une vraie terreur d’état est pratiquée.

Le 18 décembre 2009 dans la région de Mus, à Bulanik, lors d'un meeting de protestation contre l'interdiction du DTP, un protecteur de village a tiré sur la foule, tuant deux civils et en blessant une dizaine d’autres. Les témoins et les survivants ont rapporté que ce tueur était accompagné par la police au moment où il a tiré sur la foule.

Actuellement l’atmosphère est très tendue dans les régions au Kurdistan et en Turquie. Personne ne sait que va se passer dans les premiers mois de l’an 2010, surtout en ce qui concerne la situation au Kurdistan.

Ahmet DERE / 03.01.2010