19/02/2018

Pourquoi ce silence ?



La Turquie envahit la région kurde de Syrie

Depuis le 20 Janvier dernier les chars et l’infanterie turcs essaie d’envahir la région kurde de Syrie Efrîn. Les forces turques ne ciblent pas seulement le Parti de l’Union Démocratique (PYD) mais c’est toute la population Kurde de cette région qui est devenu la cible de cet état. Dans cette salle guerre la Turquie utilise surtout l’Armée syrienne libre (ÖSO / FSA -La plupart est composée des militants de DAES) pour combattre les Kurdes. Cette invasion terrestre turque progresse avec des frappes aériennes sur la ville Efrîn ou habite des civiles.

La Turquie a eu le soutien des Russes pour commencer l’opération dont le but est l’envasions de la Région d’Efrîn. Cette opération a été lancée que grâce à un soutien russe tacite. Moscou a retiré ses forces militaires basées à Efrîn, qui participaient à l’intervention contre les milices islamistes soutenues par l’OTAN en Syrie, afin de permettre les avions turcs d’opérer dans l’espace aérien de la région. Moscou a aussi servi de médiateur pour la Turquie dans les relations avec les gouvernements syrien et iranien, qui ont critiqué cette invasion turque. Donc ce soutien est toujours actif, les Russes continuent à aider l’armée turque. Avec ce soutien des Russes, ainsi sous le silence international, la Turquie veut anéantir toute une région dont la grande majorité de la population est kurde.

La plupart de la classe politique turque soutient cette opération comme un succès. Malheureusement une petite partie des intellectuels et des artistes turcs proteste cette intervention et veut l’empêcher. Le gouvernement d’AKP utilise tous ces moyens de forces pour empêcher cette petite partie d’intellectuelle afin de la faire taire. Depuis le début les organisations kurdes en Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran condamnent vivement l’opération et ont déclaré qu’elles « défendraient Efrîn avec toutes leurs forces ». Les Kurdes accusent la Russie et la Syrie d’avoir permis à la Turquie de lancer l’opération et continue de montrer leur colère au niveau régionale qu’international.

Je veux souligner ici que cette offensive turque menace ainsi de provoquer une vraie guerre civile dans les régions kurde en Turquie. D’après ce que je voie, la population kurde de Turquie est prête de faire tout pour faire arrêter cette opération d’invasion turque. Ceci malgré des arrestations quotidiennes contre les membres de différentes institutions kurdes. Depuis le 20 Janvier des centaines de manifestants ont été arrêtées dans plusieurs villes turques. Le ministère de la justice lance des poursuites contre les dirigeants du Parti de la société démocratique DTP et HDP (Les deux partis pro-kurdes en Turquie).

Le parti AKP (Le parti d’Erdogan) avec ce du Devlet Bahçeli (MHP) utilise cette opération comme un utile politique intérieur. Ces deux partis ont d’ores et déjà coopéré pour mener une campagne dans le but de gagner les élections présidentielles de 2019. Cela veut dire que AKP et MHP compte à gagner les élections avec le soutien de cette opération militaire menée contre les Kurdes.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré que la Syrie « condamne fermement l’agression turque contre Efrîn. Ainsi il a nié les affirmations par le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, selon lesquelles la Turquie aurait informé la Syrie à l’avance. Ceci veut dire que la Syrie est aussi contre cette opération turque mais elle ne réagit pas au niveau pratique.

En Europe, malheureusement, le silence règne partout. Jusqu’à maintenant il n’y a aucun pays membre de l’Union européenne qui critique ouvertement la Turquie. Par exemple Berlin a même signalé que la Turquie va continuer à bénéficier du soutien militaire allemand. Ainsi le gouvernement de Berlin vient d’interdire toute manifestation des Kurdes sur le sol de l’Allemagne. Avec la visite du premier ministre turc, le 15 Février dernier, de nouveaux accords, même militaire, ont été signés entre des autorités allemandes et turques.

Pourquoi ce silence ? Pourquoi les pays de l’Union européen ne réagissent pas contre cette agression turque qui vise un peuple ? Il faut savoir que dans la région du Moyen Orient ceux ne sont que les Kurdes qui combattent les terroristes de DAES et les autres groupes fondamentalistes, qui ont le but de menacer la démocratie européenne. Donc un soutien aux Kurdes c’est dans les intérêts des pays occidentaux.

Aujourd’hui il n’est peut êtres pas encore tard, mais demain il sera trop tard. 

Ahmet Gulabi DERE 
(écrivain / journaliste)
Strasbourg / 17.02.2018

La Turquie et sa réforme constitutionnelle


Avec la réforme que AKP veut faire dans la Constitution turque les pouvoirs de Recep Tayip Erdogan se renforcent de plus en plus. Il devient le seul homme qui aura tout pouvoir sur le pays. Bien sûr cette évolution est sévèrement dénoncée par les partis de l’opposition comme CHP (le Parti républicain du peuple), HDP (Parti Démocratique du Peuple) et autres. Ainsi une partie de la société civile est contre ce réforme.

Le Parlement turc vient d’approuver en première lecture le projet de Constitution destiné à renforcer les pouvoirs de Recep Tayip Erdogan. Les 18 articles concernés seront débattus une nouvelle fois et après le texte sera soumis à référendum prévu pour le mois d’Avril prochain.

Le AKP n’a pas eu beaucoup de difficulté pour faire adopter le texte au parlement. Car il avait déjà reçu le total soutien du Parti Nationaliste Turc (MHP). Cela veut dire que AKP a déjà garanti aussi le référendum.

Il faut savoir que, avec cette nouvelle Constitution, Recep Tayip Erdogan aurait un ultra-pouvoir. Il aura les moyens constitutionnels pour nommer ou de limoger les ministres. Il exercera ainsi les fonctions du poste de premier ministre. Cela veut dire que désormais il n’y aura plus de premier ministre en Turquie. La séparation des pouvoirs serait complètement abolie et tous les pouvoirs seront concentrés dans les mains d'une seule personne, et ce sous prétexte de créer de la stabilité dans le pays, ce qui n’est encore jamais arrivé dans l’histoire de ce pays. Après l’adoption de cette réforme constitutionnelle les élections législatives et la présidentielle se dérouleront simultanément, probablement au mois d’Avril prochain.

Une dérive autoritaire

La constitution actuelle de la Turquie, votée en 1982, garantit, plus ou moins, l’indépendance de la justice face à l’exécutif. Si cette nouvelle réforme est définitivement adoptée, alors le président pourra facilement intervenir, quand il veut et comme il veut, dans le fonctionnement de la justice.

Les Partis à l’opposition, comme CHP  et HDP dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan alors que des purges en série ont suivi, sois disant, la tentative de coup d’Etat du 15 juillet dernier. Ainsi, depuis l’an dernier des centaines de dirigeants, y compris les deux coprésidents et une dizaine de députés du HDP sont arrêtés d’une façon arbitraire. Il se trouvent actuellement dans plusieurs prisons du pays.

Mais, face à la vague des critiques l’AKP justifie cette évolution vers un régime présidentiel par le besoin de renforcer la Turquie, soumise à la menace terroriste. Selon moi ce n’est qu’un prétexte. La Turquie ne sera pas renforcée avec cette réforme constitutionnelle, ni contre la menace évoquée, ni contre d’autres menaces. Ceux qui connaissent bien ce pays savent très bien que les intérêts de la Turquie passent par une vraie démocratisation du système étatique.

Ce qui est en train de se faire en Turquie n’est pas une réforme constitutionnelle, mais un suicide. Selon le CHP le peuple turc ne se suicidera pas. Ça on verra quand le référendum est fait.

Un autre point important ; tout ce travail dans le but de réformer la constitution se passe en plein état d'urgence, au cours duquel des médias ont été fermés, des journalistes emprisonnés. Actuellement plus de 400 journalistes se trouvent en prisons.

Ahmet Gulabi DERE  /  26.01.2017 / Strasbourg